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10 août 2013

Sarajevo (Bosnie)

Samedi 10 août

Au réveil, le ciel, pour la première fois depuis notre départ, s’est mis au gris. Il tombe même quelques gouttes sur les toiles de tentes. Les gosses s’amusent un peu avec leurs nouvelles amies, et un nouvel arrivant, un petit chiot, semble vouloir se faire adopter par les enfants. Avec succès.


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Au terminus du tram, j’aperçois sur un écran géant, des images du PSG qui a débuté le championnat de France. Le père d’Ibrahimovic est bosniaque, nul doute que par ici, on suit celui qui aurait pu faire partie de l’équipe nationale. Elle foulera d’ailleurs pour la première fois de sa courte histoire, les pelouses d’une coupe du monde. Zlatan, lui, restera à la maison. N’empêche, le foot qui recommence, c’est un peu les vacances qui s’achèvent. Nous avons presque le sentiment d’avoir bouclé la boucle. Et entre un ou deux conciliabules, nous décidons de partir demain, histoire de se rapprocher du nord de la Croatie pour rejoindre Pierre-Yves, Laurence et leurs gosses. Tant pis également pour Mostar que nous éviterons. Ce sera pour une autre fois. Inchallah !

Au centre, nous commettons l’erreur monumentale de dire aux enfants que nous allons faire une journée shopping, afin de ramener quelques souvenirs. Dans l’esprit de Louna, une journée shopping, ça veut dire acheter à peu près tout ce que l’on a envie d’acheter. Quand on lui rétorque qu’il faut qu’elle fasse des choix, qu’elle ne pourra ramener que deux ou trois babioles, elle se braque, fais la moue, et nous assène que faire du shopping, « ce n’est pas juste deux ou trois trucs, c’est nul ! » Nous avons beau lui expliquer la réalité de nos porte-monnaie - sot dit en passant, c’est plutôt les bêtises de pacotilles made in china qu’elle veut qui me rebutent – elle ne veut rien comprendre. Alors tant pis pour l’esclandre, mais la punition tombe : il n’y aura aucun souvenir. « Moi, papa, je veux bien un seul souvenir, moi, je fais pas de caprices, papa… » Ivann aura droit de ramener sa petite fontaine de Sebilj en plastique à deux euros, avec son inscription de « Sarajego ».
Un conseil pour tous les parents voyageurs, fuyez tant que vous pouvez les magsins de souvenirs !!!

Après cet excellent moment en famille, nous passons de l’autre côté de la rivière, rive gauche. Ici aussi, les maisons basses ottomanes partent à l’assaut de la pente, c’est le quartier de Bistrik. C’est au bord de la rivière que se trouve également la synagogue ashkenazi de Sarajevo. La communauté juive, très importante avant la deuxième guerre mondiale, a presque entièrement disparue après les pogroms de l’époque nazie. La synagogue s’en ressent. Elle semble délaissée, abandonnée, et…cadenassée.

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En longeant la Mijlacka, on a le recul nécessaire pour admirer l’enfilade des bâtiments austro-hongrois de la rive droite. A l’image de la bibliothèque, ils sont un mélange entre art-nouveau et orientalisme. Quand la ville finira par panser ses plaies, quand elle pourra remettre un coup de peinture sur ces immeubles, alors, elle prendra vraiment du relief.

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Nous passons également sur le Pont Latin. Ce petit pont  où le sort du monde allait basculer, le 28 juin 1914 par l’intermédiaire d’un coup de pistolet tiré d’un serbe, Gavrilo Princip, sur l’héritier du trône d’Autriche-Hongrie, François-Ferdinand. La mort de l’archiduc et de sa femme, Sophie, fut le point de départ d’une escalade vers la première guerre mondiale, à cause du jeu des alliances. Gavrilo, héros pour les uns, terroriste pour les autres, n’a sans doute jamais pensé que son geste aurait eu tant de conséquences.

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Il faut se rendre compte de l’évanouissement d’un Empire en 4 années de guerre. Quand Princip tire sur l’héritier, L’Autriche-Hongrie règne sur l’Europe centrale. Son territoire s’étend de Trieste à Cracovie, D’Innsbruck à la Transylvanie roumaine. Prague, Budapest, Vienne, Zagreb, Trieste, Dubrovnik et donc Sarajevo font partie de l’Empire. A la sortie de la guerre, le traité de Trianon entérine, en 1920, l’éclatement de cette immense puissance dont il ne reste aujourd’hui plus que deux états séparés – et qui étaient même d’un côté et de l’autre du rideau de fer ; et une unité architecturale et culturelle, dans tout cet espace de la Mitteleuropa.

Nous déjeunons dans un petit restaurant populaire et typique, adossé à la mosquée. Pas de bières ici, mais des superbes Klepe (sorte de raviolis) et des Sarma (des feuilles de vignes) pour ce qui sera l’une des meilleures tables du voyage.

Le ciel est toujours gris et la température a légérement chuté. Cela nous permet de faire une pause dans cet été caniculaire.

Comme hier nous avions dégusté au legs sucré de Vienne, au goûter, nous essayons celui de l’empire ottoman et ses pâtisseries au miel, baklava et tulumba. Avec l’appel à la mosquée qui retentit, on s’y croirait. Sauf… sauf, qu’à Sarajevo, personne ne baisse sa musique et ne s’arrête de tirer sur sa chicha.

Conscients de passer nos derniers moments dans cette ville, nous faisons un dernier tour dans le centre historique.

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Les coupoles ottomanes et les immeubles autrichiens se mélangent une dernière fois.

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Un dernier coup d’œil au palais présidentiel, criblé de balles, vient nous rappeler l’histoire mouvementée de Sarajevo. Cette petite ville provinciale sous la domination ottomane, austro-hongroise et communiste, est désormais une capitale. 

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