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Wegoslavie

17 août 2013

Retour

Samedi 17 et dimanche 18 août
Départ Starigrad-Paklenica 11h samedi
Arruvée Saint Launrant en Royans 6h dimanche
1200km

Que dire de cette rentrée ? Un mot peut-être : épique. Nous sommes encore dans l’eau vers midi, sous le soleil de Croatie.

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Puis chargement effectué, nous remontons par l’autoroute, comme un rewind de nos vacances. A 15h, nous mangeons un bout dans une station-service, tout près de Rijeka. Nous nous quittons, Pierre-Yves et Laurence s’arrêteront vers Opatjia avant de filer sur Nice, demain. Nous sommes décidés à rentrer d’une traite, en se passant le volant. D’après mes calculs, si tout va bien, on arrivera vers minuit. Si tout va bien.

C’était sans compter sur les bouchons. Deux chiffres : 80km entre Rijeka et Trieste, 5h. Bouchon au péage à l’entrée de Rijeka, bouchon à la sortie de Rijeka, bouchon à la frontière Croato-slovène (mais qu’est-ce qu’ils contrôlent bordel), bouchon sur la route qui mène à Trieste. Un enfer. Heureusement, les enfants ne pipent pas un mot, il faut dire qu’on autorise, pour la première fois du voyage, des films sur la tablette.

Dernier arrêt courses dans un supermarché slovène, plein d’essence à prix normal avant l’entrée en Italie, repas sur le pouce, avec des camionneurs polonais vers Trieste. Et puis, la route. Le Rewind est enclenché. Venise, Vérone, les panneaux envoient Sophie du côté de Piacenza, 2h du matin, à moins d’une heure de Bedonia où sont mes parents et mon frangin. Mais non, poursuivons. Turin. Tunnel du Fréjus. Modane, plein d’essence sous le Sueil où dorment les grands-parents, d’où nous sommes partis il y a un mois. Grenoble. Les bulles, ses quais, nos montagnes. On sort de l’autoroute, Saint-Marcellin, le Vercors sort de l’ombre. Le soleil apparaît. Boulangerie ouverte. On s’arrête pour un plein de pains au chocolat et croissants bien chauds. Vive la France.  Il est six heures. Nous sommes à la maison. Les enfants sautent sur leurs jeux, abandonnés tout l’été. Je m’affale sur le canapé. C’est dimanche. « Il y a quoi à la télé ce soir ? »  

 

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16 août 2013

Parc de la Krka - Šibenik (Croatie)

Vendredi 16 août

Dernière journée avant le retour, demain. Pour l’heure, entassement des familles dans les voitures et direction le Parc de la Krka, autre merveille naturelle de la Croatie – qui n’en manque décidemment pas.

Skradin. Nous sommes déjà venus par deux fois dans cette petite cité, porte d’entrée du parc. La ville s’est refaite une beauté, la rue centrale est désormais restaurée, ainsi que son église, encore trouée par des obus lors de notre dernier passage. Et la foule. Le quai de la rivière, d’où partent les bateaux pour le parc est envahie par une foule compacte. Il nous faudra faire la queue.
La Krka est un fleuve côtier qui fend le plateau karstique et vient s’engouffrer dans la mer adriatique du côté de Šibenik.

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Juste avant d’atteindre Skradin, elle franchit en plusieurs paliers les cassures de pente, formant une multitude de petites cascades et des vasques de tuf. Ainsi, au beau milieu du maquis méditerranéen, la rivière a créé un univers unique : un réseau de torrents, de lacs, de cascades, de cascatelles ; le tout immergé dans une nature boisée exubérante et reliées par des petits sentiers, souvent sur caillebotis. 

Et tant pis pour la foule, à la limite du supportable.  

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Mal organisés, nous n’avons pas apporté de sandwichs, nous nous arrêtons dans un restaurant situé dans des vieux moulins. Nous payons le cadre, ça va de soi.


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Après 16h, il y a moins de monde. Nous finirons bien par nous baigner dans la petite zone autorisée, aux pieds des plus hautes cascades.

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Et même, si, nous avons eu le loisir de d’apprécier quelques beaux spécimens reptiliens dans l’eau, sous l’eau. Il parait qu’ils ne sont pas vénéneux ces serpents… il parait.

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Malgré les innombrables panneaux l’interdisant, certains prennent la liberté de se balader sur les tufs, même si c’est le meilleur moyen de casser l’équilibre fragile du site. La bêtise est universelle.

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Nous passons la soirée à Šibenik. Je tenais absolument à monter la ville à nos amis. Nous nous étions arrêtées avec Sophie, lors de notre périple à vélo, et Šibenik était devenue ma « ville préférée » de Croatie. Elle ne m’a pas déçue. Elle reste cette cité médiévale parfaitement conservée, offrant aux curieux son lacis de ruelles en pente, d’escaliers, de palais vénitiens, d’églises, de détails architecturaux ; et des vues spectaculaires sur le chenal de la Krka et les îlots qui font face à la ville.

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Dommage que sa cathédrale soit encore (comme lord de notre passage) fermée. Œuvre sublime, dont une frise sculptée, de centaines de visages de l’époque orne ses murs, véritable photomaton de la renaissance.

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Nous trouvons refuge sur une terrasse merveilleuse par-dessus les toits de tuiles de la ville, dans un petit jardin médiéval. Des glaces pour les gosses, bières pour les adultes, ce sera notre dernier dîner croate.

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15 août 2013

Paklenica - Zadar (Croatie)

Jeudi 15 août

Ha la belle nuit réparatrice. Et puis, quoi de mieux que de se réveiller et de s’offrir la mer comme baignoire ?
Avec Pierre-Yves nous décidons de faire une petite randonnée dans le Parc de la Paklenica. Louna est rétablie, mais ce matin, c’est Ivann qui renvoie son petit déj. 

Merveille de la nature, le parc de la Paklenica est le paradis des grimpeurs, venus de toute l’Europe pour escalader ses falaises calcaires. Deux canyons découpent le massif du Velebit et permettent d’accéder à la montagne dans un décor de western (il y a eu des tournages d’ailleurs).

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Ne pas s’attendre, en plein été, à être seul. Surtout à l’entrée du canyon où grimpeurs, touristes de passage, randonneurs ou simples curieux s’entassent. 

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Mais avec ses 14km de long, il suffit de marcher une bonne demi-heure pour fuir la grande foule.

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Surprise inestimable, la Paklenica, la petite rivière qui a creusé le canyon n’est pas tarie. Il y a même quelques vasques magnifiques qui autorisent la baignade. Pierre-Yves se dessape et plonge illico dans l’eau. « Putain, ça c’est les vacances ! » C’est certain qu’après la journée d’hier, ça sent la bonne journée.


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Après le premier ressaut, le canyon s’élargit en une petite vallée, dégageant les hauts sommets calcaires et leurs falaises où les grimpeurs sont devenus de minuscules petits points accrochés aux parois ; 700m de verticale pour les plus réputées.

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Nous poursuivons notre balade jusqu’au dernier refuge. C’est d’ici que partent tous les chemins pour pénétrer vraiment le massif et atteindre les sommets, dont le plus haut pic atteint 1 757m. Nous n’avons plus le temps de retourner au camping pour manger, alors nous nous offrons un plat sur la terrasse ombragée.

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Voilà que les tenanciers sortent la Rakia, qu’ils font refroidir sous l’eau glacée d’une fontaine. Nous en commandons deux à la fin du repas. Il faut bien respecter quelques traditions. Parfaites.

De retour au camping, Ivann semble s’être repris. Le temps de piquer une tête, de nous préparer, et nous voilà sur la route de Zadar, avec le coucher de soleil pour objectif. Nous le verrons, in extrémis, enfermés dans nos bulles motorisées, à la recherche d’une place de parking. Zadar est surbookée.
Il faut dire que cette petite ville de la côte Dalmate fait tout pour attirer le touriste. Sise sur une petite île, elle a le prestige de son passé, avec les vestiges de son forum romain, ces églises et basiliques, ses petites ruelles au pavé lustré ; et puis ses deux « monuments » caractéristiques : l’orgue maritime et le salut au soleil.

 

Instantané Google Earth

 

Sur une volée de marche, un astucieux système de tuyaux placés dans la mer, s’appuie sur l’énergie marine (vagues, marées) pour libérer des sons et créer ainsi une petite symphonie. Juste à côté, un vaste cercle composé de petits panneaux photovoltaïques, retranscrit les notes en lumières colorées, à la tombée de la nuit.


 

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La foule se presse sur les deux œuvres, donnant un aspect de fête foraine permanente à la cité médiévale.

Nous trouvons un restaurant nous acceptant – à huit, ce n’est pas évident. Il suffira d’une gorgée de poire pour bien s’endormir ce soir.

 

14 août 2013

Sibinj - Starigrad Paklenica (Croatie)

Mercredi 14 août

Départ Sibinj 10h
Arrivée Trbanj 14h
160km

Cata. Catastrophique. Nuit catastrophique. Rien à faire face aux éléments déchainés. La Bura nous a baptisés. La Bura ? Non, ce  n‘est pas l’alcool de figues, bien qu’au petit matin, nous avions une sorte de gueule de bois. La Bura, et mettez bien un B majuscule, histoire de ne jamais lui manquer de respect, est un vent qui comme disent les croates « nait dans la Lika, vit dans le Velebit et meurt sur la mer ». Elle peut être extrêmement violente, et surtout glaciale.
Et donc, toute la nuit, nous nous sommes battus contre elle. Certaines rafales soulevaient littéralement les chambres. Nous avons eu beau remplacer les sardines par des gros cailloux, les ficelles s’arrachaient quand même. Nous n’avons presque pas fermé l’œil de la nuit. Déjà qu’une petite bise fait battre les toiles de tentes, alors imaginez des rafales à 80/100 km/h.
Au petit matin, le séjour semblait être passé dans une lessiveuse. Tout était à terre, sens dessus dessous. Un cataclysme.
Le ciel aussi semblait être passé dans une lessiveuse tellement l’air était limpide. Sur la mer tourbillons et embruns courraient vers les falaises nues et blanches de Krk. L’île paraissait encore plus proche que la réalité.
J’ai pris mon appareil pour aller faire une ou deux photos du paysage. Au bord de la mer, Pierre-Yves avait eu la même idée.

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Petit conciliabule. Une campeuse, habituée du coin, lui a dit que la Bura, quand elle s’invitait, s’incrustait pour au moins trois jours. Et pour lui échapper ? Descendre plus au sud. Nous n’avons pas trop le choix. Impossible de rester ici de toute façon. Nous annonçons le programme à tout le monde. Il faut tout redémontrer et s’enfuir.


Maintenant, attention, place au chapitre de la lose, deux points, ouvrez les guillemets :  
Alors qu’ils finissent de remplir leur coffre de toit, une rafale arrache le capot du coffre de Pierre-Yves et Laurence. Allez chercher des sangles dans un pays étranger. Pierre-Yves revient une heure après, avec une corde et du scotch. La tension devient palpable, le vent, c’est bien connu, rend fou. Les femmes et les gosses montent prendre un petit déjeuner au restaurant pendant que nous terminons de charger nos voitures respectives. Enfin, nous pouvons décoller. « On se prend un café quand même, avant de se barrer ! A tout de suite » Vingt-minutes plus tard, toujours pas de Pierre-Yves au café. « Qu’est-ce qu’il fait ? » Son fils, Maël, remonte à ce moment-là : « Mon père a un problème, il a pris une souche ! » Le camping est en terrasse, sous des amandiers, en redémarrant la Scenic s’est encastrée sur une souche qui dépassait. Je retrouve Pierre-Yves au volant, et une dizaine de personnes autour, chacun donnant son avis sur la solution. On apporte des cales de caravanes, on pousse, mais la voiture ne bouge pas. Dans un groupe il faut toujours un chef, cette fois, c’est un italien qui prend la décision : au nombre que nous sommes, on soulève le cul de la voiture, et hop là ! Il a vu juste ! La Scenic pleine se dégage enfin. Pierre-Yves, sort et remercie tout le monde ! Grazie, Hvala, danke shon, thank you everrry body…
Bon, on va quand même boire un capuccino et avaler quelque chose, pour se détendre un peu. ¾ d’heure après, le capuccino n’est toujours pas servi. Il y a un problème avec la machine à espresso, ou bien avec le café, ou alors nos tronches ne conviennent pas ou bien c’est seulement la loi de la guigne.
Vite, nous payons le camping. Nous ne sommes pas les seuls d’ailleurs, face aux événements, le camping s’est vidé.

Direction Zadar. Nous revoilà donc sur cette Magistrale qui porte bien son nom aujourd’hui. Ciel et mer d’un bleu profond, et les îles et îlots calcaires, qui sortent des flots dans une blancheur éclatante. Je suis au moins content pour une chose, nos amis vont pouvoir admirer cette côte magnifique.

 

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« Papa, maman ? » « Oui ma chérie ? » « Je me sens pas bien… j’ai mal au ventre » On se retourne, et effectivement, Louna est blanche comme un linge. Arrêt sur le bord de la route, prendre l’air, respirer. Et toujours ces rafales de vent à vous renverser.

Nous parvenons vers Starigrad, je propose qu’on cherche un camping dans le coin. Nous sommes tout proche de Zadar, au pied du Parc National de la Paklenica que je rêve depuis un moment de visiter, face à l’incroyable île de Pag (longue langue de pierre), Šibenik et le parc de la Krka à une heure. Nous trouvons un emplacement dans l’immense complexe de Trbanj Sibuljina. Sous une pinède, terrain plat bien que rocailleux, au bord de l’eau avec une plage sécurisée pour les enfants. D’abord, penser à manger. Commande de trois/quatre pizzas et deux énormes bières. Il faut bien ça pour se remettre. Le vent est désormais retombé. On se sent un peu revivre. Pour Louna, la pizza est de trop, elle se libère un coup.

Après la baignade, obligatoire, il faut remonter le campement. Cette fois on surblinde. Enorme caillou sur la toile. D’autant plus que le vent, en fin d’après-midi, revient nous narguer. Mais on sent qu’il faiblit. L’épisode est passé.

 

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Nous laisserons glisser la soirée, enfin un peu tranquilles. C’est même l’heure de sortir la poire de Kremna, au frais dans le frigo, et de trinquer, enfin !

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13 août 2013

Jajce - Sibinj (Croatie)

Mardi 13 août

Départ Jajce 10h
Arrivée Sibinj 15h
280km

Le rendez-vous est fixé sur la côte croate, vers Senj. Nous faisons fissa et entassons les affaires. On se relâche dans le rangement. Ca sent la fin des vacances, et en même temps, le fait de revoir nos amis nous fait passer à autre chose.

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Pendant les deux heures qui séparent Jajce de Bihać, la picasso fonce sur les hauts plateaux dénudés de la Bosnie. La route est parfaite, sans beaucoup de circulation, et contrairement à toutes les mises en garde lues sur les forums, la conduite des locaux est tout à fait correcte. Les gens n’ont jamais posé leurs roues sur une route italienne. De temps en temps, des villages, petits hameaux ; quelques fois une ruine.

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Bihać. Dernière ville avant la frontière et le retour dans l’UE. Nous faisons une pause dans le centre. Quelques vieux bâtiments historiques, églises, mosquées, mais surtout la rivière Una. Baptisée ainsi par les romaines, l'Una, "l'unique". Cette superbe rivière aux eaux magnifiques est le vrai cœur de la ville, elle traverse le centre, forme des petites îles dont l'une est grand jardin lacustre. Cela donne envie de la remonter et de découvrir les paysages en amont. On dit qu’autour de Martin Brod, c’est un petit Plitvice. Il faudrait plus d’une vie pour tout voir. Dans un restaurant hôtel, nous mangeons nos derniers cevapcici.

Juste avant la frontière, deux mosquées. L’une toute récente ; pour dire au revoir ou bienvenue ? A un peu moins de 250km de Trieste, une terre d’Islam - entre autres – vieille de plus de quatre cent ans. Et dire que certains pensent que l’Europe n’est « que » chrétienne. Sans doute n’ont-ils pas beaucoup voyagé, ces gens là. En quoi un musulman de Bihać est moins européen qu’un sicilien, qu’un breton, un écossais ou un russe ? Si quelqu’un peut m’expliquer…

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J’en suis à ces considérations - oui, parfois, je me perds dans des considérations – quand nous passons devant le parc de Plivitce d’où sont partis nos amis dans la matinée. Nous sommes donc derrière eux quand nous traversons la Lika avec ses profondes forêts et ses poljie. Voilà de nouveau des plaques immatriculées dans toute l’Europe qui défilent sur les routes, ça change de la Bosnie.
Il y a un peu de vent au fond des dépressions karstiques. La prochaine fois, je saurai ce que cela annonce.


Nous voilà maintenant sur le col de Vratnik, que nous avions franchi dans l’autre sens au début du voyage. Et tout au fond, l’île de Krk. Coup de fil de Pierre-Yves pour nous avertir qu’ils sont déjà au bord de mer, qu’il y a des bouchons sur la magistrale. Ils cherchent un camping, mais ce n’est pas simple. Nous arrivons sur la côte, eux, nous attendent dans un snack, sur le bord de la route. Nous visitons un premier, puis un deuxième camping. Mais rien de bien folichon. Beaucoup de monde, pas d’ombre. Nous avons besoin de grandes places pour deux grosses toiles. Nous continuons la route vers le nord, mais nous ne les voyons pas. Nouveau coup de fil, on se comprend enfin, sur le nom du bled où ils nous attendent. Pas facile de prononcer Sibinj. Sibini, Sibinge, Sibineje ? Demi-tour, et nous cherchons un autre camping sans succès. Voilà leur voiture, au bord du deuxième camping. Nous nous étions loupés, à quelques mètres. Embrassades, retrouvailles. Nous ne chercherons pas trop. Nous nous arrêtons au camping Kosice.

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Avant de monter le camp de base pour les trois ou quatre jours qu’ils nous restent, direction une petite crique. Les deux filles sont déjà comme cul et chemise. Ivann suit. Petite baignade dans les eaux limpides, ça faisait longtemps. Etonnement, l’eau est fraîche. Il y a des petites résurgences d’eau douce qui remontent.

Nous montons notre campement. Je ne m’applique pas franchement, la prochaine pluie arrivera en octobre. Nous prenons un petit apéro en même temps, pour patienter. Jambon de Livno, fromages, vin, bière. Nous mettons tout sur la table et nous nous racontons nos périples. Ils sont passés par la Slovénie et ont eu le coup de cœur pour ce petit pays. Ils descendent de Plivitce, son merveilleux site et sa foule.


Il est plus de 22h quand nous nous attablons au restaurant du camping. Le vent s’est levé, fort. Nous sentons que le serveur n’est pas ravi, c’est le moins que l’on puisse dire, de continuer le service, pour huit personnes, à cette heure tardive.  L’amabilité est en option ; ou alors, il faut passer à midi ? Les assiettes sont à peine arrivées qu’une femme vient nous prévenir que notre – oui, la nôtre – tente s’est écroulée sous les rafales. Je file la retendre un coup. Je double les sardines, mais ça ne sert pas à grand-chose. Le sol de calcaire est un pudding. Elles se fraient un chemin entre les cailloux, mais ne se fixent pas très bien. On termine un peu le repas à l’arrachée. Le vent forcit de plus en plus. Demain sera un autre jour, nous nous enfilons dans nos maisons de toiles.

 

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12 août 2013

Jajce (Bosnie)

Lundi 12 août


Nous entamons la dernière semaine du voyage. Le soleil toujours au rendez-vous de notre périple estival en cette matinée. Les enfants sautent du lit dès le réveil et s’amusent dans le vaste camping.

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Ivann n’échappera pourtant pas à sa punition (tu restes dans la tente) pour avoir désobéit. Il ne fallait pas faire du vélo pieds nus !

Peu avant midi, les petites copines s’en vont. Nous bavardons encore un peu avec les parents, des grands fans de cette région. Leur caravane nous donne des idées. C’est quand même pratique, pas besoin de tout ce bazar à faire, défaire et refaire sans cesse, à chaque arrêt.

Jajce. Cette ville aussi tient une bonne place dans l’histoire de la Bosnie, pardon, de la Yougoslavie. C’est ici que Tito et ses camarades ont créé ce qui sera la future Yougoslavie communiste, lors d’un conseil de libération en 1943. Comme Travnik, elle est dominée par une forteresse qui surveille les vallées de la Vrbas et de la Pliva qui se rejoignent au pied de la citadelle.

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Comme à Trvanik, les églises et mosquées se font face, se narguent ou se tolèrent. Comme à Travnik, les maisons ottomanes imposent leurs lourdes masses aux regards. Mais contrairement à sa voisine, ce qui fait l’histoire de la ville se tient à l’intérieur de remparts encore bien conservés. Il faut passer des hautes portes pour pénétrer les ruelles, où comme dans beaucoup de villes de la région, vieilles demeures historiques et verrues des années soixante-dix se côtoient à l’instar des édifices religieux.

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Vers la citadelle, nous visitons des catacombes, qui ont servi de bunker pendant les différentes guerres. A l’intérieur, crypte, baptistère et autel avec croix.

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Ce qui est bien avec ces petites villes historiques (Jajce, du moins son centre, est toute petite) c’est qu’il ne faut pas faire 3h de marche sous le soleil pour en avoir un aperçu.
Il est donc bon, de s’arrêter dans un buregdžinica minuscule, et d’avaler quelques bureks frais  - pommes de terre et épinards -  avec leur traditionnel yaourt, tout en contemplant l’animation de la ville. Appel à la prière en supplément, bonus du voyage bosnien.

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Mais la guerre ne vous lâche jamais. Et quelques mètres plus bas, un monument aux morts, avec drapeau à damier croate, vient nous rappeler les sacrifices des peuples pour… pour quoi ?! Quand je vois les dates de naissance, un frisson me traverse, tous, sont de ma génération. Et nous avons osés, parfois, nous appeler « génération sacrifiée ». Chacun voit midi à sa porte, n’est-ce pas ?

Plus riant, le site même de Jajce. Nous avons vu que la ville s’agglutinait autour de la forteresse, au sommet de la colline. Côté sud, la ville fait place à un parc dont les cascades sur la Pliva, haute d’une trentaine de mètres, font la singularité de la petite cité.

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La rivière a été aménagée autour de petits bassins de retenue. Elle forme depuis les mini-moulins et le lac lui-même, des petits étages en plan d’eau reliés entre eux par des petites cascades.

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L’eau est limpide, et le site est devenu une sorte de petite station balnéaire d’eau douce. Les jeunes locaux, ceux qui veulent le plus impressionner les filles, montent sur des arbres et sautent à pieds joints dans l’eau. Un groupe de jeunes asiatiques débarquent avec bouées, brassards (ils ne savent pas nager ?) et grands pistolets à eau, et mettent le souk sur le petit plan d’eau. Pour la discrétion légendaire des « asiats », il faudra repasser.
Chez nous, Louna passe l’après-midi avec son épuisette à pécher des petits poissons.

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Ivann, sans verser de larmes, nous annonce qu’une guêpe vient  de le piquer.

En fin d’après-midi, pendant que les nuages s’amusent avec le soleil, nous louons un pédalo du côté du lac. C’est fou ce qu’on peut parcourir comme distance avec ces engins. Nous avons un petit toboggan sur l’embarcation, je tente la glissade au milieu du lac, mais l’eau est su noire de profondeur, que je ne tergiverse pas pour remonter, pas très rassuré. D’ailleurs, là-bas, est-ce une carpe ou un monstre du Loch Ness qui vient de sauter dans l’eau.

 

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Une fois de plus, nous croisons des touristes voilées de noir, entièrement. Elles ont loué, accompagnées d’un homme, une petite barque. Je dis aux enfants de leur faire coucou, elles répondent, et je devine des larges sourires sous les voiles.

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Le paysage est vraiment superbe ce soir, avec ces nuages que transpercent les derniers rayons de soleil. Un endroit paisible pour passer quelques jours. Nous avons adoré.

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Un petit passage aux moulins pour une dernière photo et on rentre préparer les affaires pour le départ du lendemain.

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Au supermarché, le soir, j’entreprends d’acheter des truites, mais les seuls que je vois viennent de Californie. Le monde marche sur la tête. Que viennent foutre des truites de Californie au fond de la Bosnie-centrale, là où l’eau sourd de partout et les truites  innombrables ? Mystère de la mondialisation.
Nous nous contenterons d’une assiette de jambon fumé de Livno (vous souvenez-vous ?) et de gnocchis. Mystère de l’invasion mondiale de la cuisine italienne.

11 août 2013

Illidža - Jajce (Bosnie)

Dimanche 11 août

Départ  Illidža : 11h
Arrivée Jajce : 18h
130 km

Instantané Google Earth

Je n’avais plus qu’à mettre le vélo sur le porte-vélo quand je me suis aperçu que mon Rockrider n’était plus à sa place. Je ne saurais jamais si, étourdi comme je suis, j’avais bien attaché le vélo, après une dernière tentative infructueuse de rechercher une selle dans la ville. N’ayant pas retrouvé de cadenas coupé au pied de l’arbre, il y a bien des chances que j’aie facilité la tâche des voleurs. Ironie du sort, il ne m’est donc resté de ce vélo - qui en aparté, m’a toujours causé quelques soucis - que la selle et sa tige. Je me demande encore aujourd’hui s’ils ont, eux, réussi, à trouver la pièce manquante. Si un jour, vous louez un rockrider au début de la Grande Allée ;  pensez à moi.  

Oh, bien sûr, il aurait fallu que je dépose une plainte dans une gendarmerie. Premièrement ça nous aurait grillée la journée ; deuxièmement, je pense que la police a d’autres types de problèmes à régler dans le coin ; troisième, à part une ligne dans des statistiques, cela n’aurait rien changé à l'histoire. Il est fort tentant d’accuser les gitans, de l’autre côté du camping, qui squattent dans un terrain vague. Beaucoup de choses les désignent comme les coupables idéaux : matériel de récupération entassé, enfants en guenilles qui font la manche au feu rouge devant le camping, chiens errants, feux de pneus (ou quoi d’autres ?) le soir, mines patibulaires et réputation bien ancrée dans nos têtes. Et en même temps, c’est le seul camping du voyage où nous croisons autant de monde, de jeunes et moins jeunes, venus de toute l’Europe. Alors ?

Toute la nuit, des chiens ont aboyé. A en devenir parfois agaçant. Avec le recul, nous aurions dû comprendre qu’ils gueulaient contre des rôdeurs. Au moment de payer, après être passé derrière un groupe de quinze italiens paniqués à l’idée de ne pas avoir de marks en poche, j’explique au bonhomme de la réception ce qu’il vient de m’arriver. Pour me rassurer, il m’explique à son tour, qu’un autre campeur, lui, s’est fait voler son appareil photo dans la nuit. That's life !

Allez, comme le beau temps est revenu et que « ce n’est que du matériel », on ne va pas se morfondre. Nous sommes donc repartis sur les routes, avec l’intention de remonter vers le nord-ouest de la Bosnie du côté de Bihać, en traversant le centre.
Nous évitons, sans le vouloir, la seule portion autoroutière du pays entre la capitale et Zenica. Nous ne verrons donc pas les mystérieuses pyramides de Visoko. Sur la petite départementale, nous sommes un peu retardés par des camions qui livrent des pierres - un dimanche. Puis, la route serpente entre des collines boisées, passant dans plusieurs villages dont l’aspect multiethnique saute encore aux yeux, avec ses différents lieux de culte regroupés autour des villages. Encore que, je remarque – peut-être est-ce du hasard – que les églises catholiques, elles, sont érigées sur des promontoires. Plus hautes que les autres. Certaines mosquées semblent totalement neuves, et pourtant ce sont les drapeaux croates qui fleurissent. Habitations, ruines de la guerre, petits ou grands centres commerciaux, petits hameaux de campagne, mini cités HLM, panneaux publicitaires : paysage de bord de route semblables à tous les bords de route.

Nous voici à Travnik, ville de naissance de Ivo Andrić. En 1942, il publie « La chronique de Trvanik ». Difficile d’imaginer que cette petite ville de province de moins de 20 000 habitants, encaissée au fond de son vallon, dominée par des sommets boisés, fut la capitale de la Bosnie ottomane pendant 150 ans. Dans son livre, Andrić se charge de nous plonger au cœur de la cité, quand celle-ci, devient pour quelques années, le point de rencontre des trois plus grands empires du XIXe siècle. En effet, pour répondre à la nomination d’un consul par Napoléon, les ennemis autrichiens envoient également à Travnik un ambassadeur. Lieu de résidence du Vizir, chargé de représenter la Sublime Porte, la petite ville devient un enjeu de pouvoirs et d’intrigues entre les trois puissances.

Il ne reste pourtant pas de fastes de cette période. La ville semble avoir gardé l’humilité, la modestie, la simplicité des montagnards/paysans qui l’ont bâtie et habitée. C’est une sorte de photocopie réduite de Sarajevo. Sur les hauteurs, versant sud, la forteresse domine le quartier ottoman où s’élèvent les minarets.

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En bas, le fond du vallon abrite la Baščaršija et sa formidable mosquée peinte, cas très rare dans l’art islamique. Encore plus étonnant, elle possède des arcades sous lesquels sont installés des magasins.    

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En remontant le vallon, les bâtiments prennent la teinte austro-hongroise, avec leurs grandes fenêtres et les décorations en stuc. Entre les deux, la maisons natale de Andrić. Un tag défie la réalité de la Bosnie actuelle : Jugoslavija. 

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A l’intérieur de la forteresse, nous visitons un petit musée ethnographique assez bien fait, et surtout nous profitons de la vue sur les toits de tuiles, par-dessus les minarets qui entonnent le chant de la mi-journée, et en face, versant nord, les lourdes bâtisses ottomanes, peut-être les plus typiques que l’on ait vu de notre traversée bosniaque.

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Par le dédale des ruelles et escaliers, nous arrivons à la Plava Voda (l’eau bleue), là même où s’ouvre le récit d’Andrić, là où depuis toujours autour d’un saule pleureur, et au bord d’un torrent qui surgit directement du ventre de la montagne, les travnikois viennent siroter un café turc. Bien sûr, maintenant, il y a aussi des marchands du temple vendant jouets et souvenirs (une vendeuse offre, je dis bien offre, à Ivann un petit joujou, qu’il va faire tomber dans l’eau dans la demi-heure suivante) ;  et dans les bacs d’eau fraîche, on élève des truites arc en ciel qu’on consomme dans les restaurants adjacents. Un lieu paisible malgré tout.

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Nous commandons une assiette de Travnik : cevapcici, pain savoureux, pain frit, agneau en lamelles, sorte de salami de bœuf, fromage de Travnik (sorte de féta réputé dans tout le pays) et crème de montagne presque devenue beure. Et quand Sophie demande au serveur de l’eau d’ici, pour demander de l’eau du robinet, il trempe le pichet dans le torrent et une fois rempli, le dépose sur la table.
Avec le café turc - pardon, bosniaque - servi dans les règles de l’art, bouillant dans son petit service traditionnel, avec son loukoum, et son amertume caractéristique ; on peut dire que l’arrêt à Travnik est un bon condensé de la Bosnie.

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 Après Travnik et jusqu’à Jajce,  nous empruntons des routes de montagne, passant par le col de Komar et rejoignant le défilé de la Vrbas du côté de Donji Vakuf. Magnifique rivière qui s’enroule au creux des montagnes, et dévoile des paysages bucoliques. Sur ces rives, j’aperçois deux ou trois mini-kamp, quasiment déserts, et tout récents. Le lieu, c’est vrai, se prête parfaitement au camping rural. 

Jajce se trouve sur les rives de la Vrbas qui file vers Banja Luka, capitale de la république Srpska. Jajce est une ville intéressante, sise dans un superbe site. Mais nous y reviendrons. Même si nous ne le savons pas quand nous nous arrêtons pour admirer ses cascades. 

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Un peu plus haut, se trouve le Plivsko Jezero, un grand lac artificiel (comme souvent dans l’ex-Yougoslavie).
Je suis passé par là pour voir le site des moulins. Mais entre les sens uniques et les culs de sac, je galère un peu pour les trouver. Dix-neuf (je ne les ai pas comptés) minuscules petits moulins en bois de l’époque ottomane se servaient du courant de la rivière pour faire leur job.

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Le décor de carte postale, les gens qui se baignent dans les petites piscines du lac, d’autres attablées avec leur bières pieds dans l’eau, et vu l’heure tardive - il doit être 18h - nous prenons la sage décision de nous arrêter au camping tout proche, le Plivsko Jezero, et tant pis si nous n’arriverons pas à faire la surprise à Pierre-Yves et Laurence de les rejoindre le 13 à Plitvice.

Double surprise au camping, c’est l’un des mieux équipés du voyage, et nous retrouvons le couple de l’Ain et ses deux enfants. Comme nous, ils sont tombés sous le charme du coin et on fait un pit-stop. Les enfants sont carrément contents, et ils vont bien en profiter pour jouer tous les quatre. Je crois qu’Ivann était le loup…

En avalant nos brochettes avec un verre de vin, la mésaventure du vélo me semble bien loin. Très loin.

10 août 2013

Sarajevo (Bosnie)

Samedi 10 août

Au réveil, le ciel, pour la première fois depuis notre départ, s’est mis au gris. Il tombe même quelques gouttes sur les toiles de tentes. Les gosses s’amusent un peu avec leurs nouvelles amies, et un nouvel arrivant, un petit chiot, semble vouloir se faire adopter par les enfants. Avec succès.


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Au terminus du tram, j’aperçois sur un écran géant, des images du PSG qui a débuté le championnat de France. Le père d’Ibrahimovic est bosniaque, nul doute que par ici, on suit celui qui aurait pu faire partie de l’équipe nationale. Elle foulera d’ailleurs pour la première fois de sa courte histoire, les pelouses d’une coupe du monde. Zlatan, lui, restera à la maison. N’empêche, le foot qui recommence, c’est un peu les vacances qui s’achèvent. Nous avons presque le sentiment d’avoir bouclé la boucle. Et entre un ou deux conciliabules, nous décidons de partir demain, histoire de se rapprocher du nord de la Croatie pour rejoindre Pierre-Yves, Laurence et leurs gosses. Tant pis également pour Mostar que nous éviterons. Ce sera pour une autre fois. Inchallah !

Au centre, nous commettons l’erreur monumentale de dire aux enfants que nous allons faire une journée shopping, afin de ramener quelques souvenirs. Dans l’esprit de Louna, une journée shopping, ça veut dire acheter à peu près tout ce que l’on a envie d’acheter. Quand on lui rétorque qu’il faut qu’elle fasse des choix, qu’elle ne pourra ramener que deux ou trois babioles, elle se braque, fais la moue, et nous assène que faire du shopping, « ce n’est pas juste deux ou trois trucs, c’est nul ! » Nous avons beau lui expliquer la réalité de nos porte-monnaie - sot dit en passant, c’est plutôt les bêtises de pacotilles made in china qu’elle veut qui me rebutent – elle ne veut rien comprendre. Alors tant pis pour l’esclandre, mais la punition tombe : il n’y aura aucun souvenir. « Moi, papa, je veux bien un seul souvenir, moi, je fais pas de caprices, papa… » Ivann aura droit de ramener sa petite fontaine de Sebilj en plastique à deux euros, avec son inscription de « Sarajego ».
Un conseil pour tous les parents voyageurs, fuyez tant que vous pouvez les magsins de souvenirs !!!

Après cet excellent moment en famille, nous passons de l’autre côté de la rivière, rive gauche. Ici aussi, les maisons basses ottomanes partent à l’assaut de la pente, c’est le quartier de Bistrik. C’est au bord de la rivière que se trouve également la synagogue ashkenazi de Sarajevo. La communauté juive, très importante avant la deuxième guerre mondiale, a presque entièrement disparue après les pogroms de l’époque nazie. La synagogue s’en ressent. Elle semble délaissée, abandonnée, et…cadenassée.

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En longeant la Mijlacka, on a le recul nécessaire pour admirer l’enfilade des bâtiments austro-hongrois de la rive droite. A l’image de la bibliothèque, ils sont un mélange entre art-nouveau et orientalisme. Quand la ville finira par panser ses plaies, quand elle pourra remettre un coup de peinture sur ces immeubles, alors, elle prendra vraiment du relief.

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Nous passons également sur le Pont Latin. Ce petit pont  où le sort du monde allait basculer, le 28 juin 1914 par l’intermédiaire d’un coup de pistolet tiré d’un serbe, Gavrilo Princip, sur l’héritier du trône d’Autriche-Hongrie, François-Ferdinand. La mort de l’archiduc et de sa femme, Sophie, fut le point de départ d’une escalade vers la première guerre mondiale, à cause du jeu des alliances. Gavrilo, héros pour les uns, terroriste pour les autres, n’a sans doute jamais pensé que son geste aurait eu tant de conséquences.

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Il faut se rendre compte de l’évanouissement d’un Empire en 4 années de guerre. Quand Princip tire sur l’héritier, L’Autriche-Hongrie règne sur l’Europe centrale. Son territoire s’étend de Trieste à Cracovie, D’Innsbruck à la Transylvanie roumaine. Prague, Budapest, Vienne, Zagreb, Trieste, Dubrovnik et donc Sarajevo font partie de l’Empire. A la sortie de la guerre, le traité de Trianon entérine, en 1920, l’éclatement de cette immense puissance dont il ne reste aujourd’hui plus que deux états séparés – et qui étaient même d’un côté et de l’autre du rideau de fer ; et une unité architecturale et culturelle, dans tout cet espace de la Mitteleuropa.

Nous déjeunons dans un petit restaurant populaire et typique, adossé à la mosquée. Pas de bières ici, mais des superbes Klepe (sorte de raviolis) et des Sarma (des feuilles de vignes) pour ce qui sera l’une des meilleures tables du voyage.

Le ciel est toujours gris et la température a légérement chuté. Cela nous permet de faire une pause dans cet été caniculaire.

Comme hier nous avions dégusté au legs sucré de Vienne, au goûter, nous essayons celui de l’empire ottoman et ses pâtisseries au miel, baklava et tulumba. Avec l’appel à la mosquée qui retentit, on s’y croirait. Sauf… sauf, qu’à Sarajevo, personne ne baisse sa musique et ne s’arrête de tirer sur sa chicha.

Conscients de passer nos derniers moments dans cette ville, nous faisons un dernier tour dans le centre historique.

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Les coupoles ottomanes et les immeubles autrichiens se mélangent une dernière fois.

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Un dernier coup d’œil au palais présidentiel, criblé de balles, vient nous rappeler l’histoire mouvementée de Sarajevo. Cette petite ville provinciale sous la domination ottomane, austro-hongroise et communiste, est désormais une capitale. 

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9 août 2013

Vrelo Bosne et Sarajevo (Bosnie)

Vendredi 9 août

Je n’ai qu’une seule idée en tête ce matin : trouver cette pièce pour mon vélo qui va me permettre de l’enfourcher à nouveau. Il y a un Intersport sur Illidža, mais pas la pièce de rechange. Je file donc sur la Sniper Alley, pour trouver les magasins de vélos que j’ai vus hier. Mais voilà, premièrement cette fichue pièce (celle qui tient la selle) n’existe pas ici, deuxièmement, j’ai beau vouloir racheter une tige de selle pour remplacer la totale, il n’y a pas le bon diamètre. Décathlon a bien fait les choses, pas de normes standard. C’est d’autant plus rageant que les types vendent du classique : Giant, Cannondale, Trek. Je passe chez trois spécialistes, mais aucun ne réussit à trouver une solution à mon problème. Je pensais pourtant que dans une ville comme Sarajevo, un tel ennui aurait été résolu facilement, par le bouche à oreille, par la débrouille ou le système D. Chez l’un d’eux, le plus avenant, je fais la connaissance d’un grand gars qui baragouine un peu d’anglais avec un accent à couper au couteau. Il me montre quelques photos de ses balades en Canondale sur les montagnes de Sarajevo. Tout bien comme il faut pour me donner encore plus de regrets. Je suis bien obligé d’admettre mon échec. Je me demande tout de même comment j’aurais fait si cela devait arriver en voyage à vélo. Bon, avec plus de temps, sans doute qu’une solution pouvait se trouver.

Quand je rentre au camping, bien déçu, je trouve Louna qui s’amuse avec une petite blonde de son âge. C’est la fille d’un couple en caravane de l’Ain. Elle a aussi une grande sœur. Pour Louna et Ivann, qui s’incruste, c’est bienvenu. Pouvoir jouer avec d’autres enfants, pouvoir se parler dans la même langue, ça leur manquait. Et à priori, c’est pareil pour les deux autres enfants.

Illidža est une ancienne station thermale dont l’histoire remonte jusqu’à la période romaine. Baignée par des sources d’eaux sulfureuses, au pied du Mont Igmann et de sa forêt, la petite ville a toujours été un lieu de villégiature pour les familles fortunées de Sarajevo. Grands amateurs de bains, les austro-hongrois ont développé la station en y construisant des grands établissements thermaux, des hôtels particuliers et quelques villas cossues. Ils développèrent également un grand parc autour de la source de la Bosna (qui donne donc son nom au pays) qu’ils relièrent à la ville, par une immense avenue boisée, la Grande Allée. 740 arbres, d'essences diverses, forment un tunnel feuillu de 3.5km.  Pour rejoindre l’entrée du parc, des calèches de style XIXe siècle, attendent les touristes…ou les sarajeviens. Pour 15km (soit 7.5€) on fait un petit saut dans le passé, dans ce monde de la mittle-europa qui au terme de la première guerre mondiale s’est presque volatilisé.

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Bien entendu, nous ne pouvons pas passer à côté de cette balade à chevaux. Vous pensez bien. Ce serait un coup à ruiner la suite du voyage. Louna ne nous le pardonnerait pas.

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Aujourd’hui, si la ville a conservé un bon nombre de ses atouts - thermes et un tout récent comlexe aquatique -  elle n’a pas encore effacé totalement les dégâts de la dernière guerre. Illidža était sur la ligne de front.

Nous mangeons un bout à l’entrée de la Grande Allée, sur une magnifique terrasse ombragée. Nous goûtons un nouveau plat, une sorte de grattée de pomme de terre. Comme le service, pour la première fois du voyage, est extrêmement long, nous avons tout le loisir de regarder les calèches faire leur aller-retour.
Etonnant de voir des touristes toutes voilées de noir, en version très « saoudienne ». Ce sera une constante de notre traversée de la Bosnie. Je ne sais pas de quels pays ils viennent. Mais cela donne l’impression d’un tourisme de la péninsule arabique. Des musulmans qui viennent rencontrer l’Islam au cœur de l’Europe ? Je me demande ce qu’ils peuvent penser des habits portés par leurs sœurs de foi, hier soir, dans les rues bondées de Sarajevo ?

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Le parc de Vrelo Bosne est un havre de fraîcheur. La source de la Bosna, dont l’eau surgit de la terre, se faufile en petits bras, formant des petits lacs, dans le parc. Nous partageons ce qui semble une tradition, en remplissant nos gourdes dans l’eau limpide et ultra fraîche de la Bosna. Nous buvons une gorgée. J’ai l’impression d’avaler une partie de l’histoire de ce pays. Ne parle-t-on pas de « mémoire de l’eau » ?

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Les gens piqueniquent, se détendent, lisent, palabrent ; les enfants jouent sur les jeux, se coursent, traversent les petits ponts de bois ; des familles se font photographier devant la source par un photographe « officiel », qui avec sa petite imprimante portable est capable de vendre immédiatement son travail, tel un polaroid moderne ; certains sur la magnifique terrasse sur pilotis du restaurant du parc passent un petit moment tranquille, devant un café, un jus de fruit ou une bière.

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Louna, satisfaite de son "cadeau" calèche, c’est maintenant au tour d’Ivann d’être contenté. Nous rejoignons le terminus du tram autour duquel s’est développé un sorte de bazar moderne, avec cafés à chichas, petits négoces d’alimentation, kébabs et cevapcici, magasins de vêtements, quincailleries et de nombreux bars avec écrans géants.

Nous montons dans un des vieux tramways de la ville pour remonter sur le centre.

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Un mot sur cette fameuse Sniper Alley. Il y a un peu moins de 10km entre le terminus et le centre. Comme nous l’avons vu, Sarajevo s’est développée le long de sa rivière, dans une vallée, qui d’abord très étroite sur le verrou à l’est, s’élargit sensiblement vers l’ouest et Illidža. De chaque côté de la Sniper Alley, la « nouvelle ville » a élevé ses barres d’immeubles, formant des quartiers bien délimités, par d’autres avenues transversales, un peu comme des blocks. En remontant l’allée, le tram passe devant tous ces quartiers de Sarajevo. Ils ne sont pas beaux, ça non. Ce sont des citées, ni plus ni moins hautes que celles qu’on appelle chez nous, des ZUP. La seule chose que je remarque, c’est que ces grandes barres sont assez aérées. Entre elles, il y a toujours un espace vert, un petit parc, une espèce d’interstice qui permet de respirer.


Respirer… quand on habite à Grbavica, Dobrinja, Novo Sarajevo, ça ne doit pas être évident. Il suffit de lever les yeux et de voir les immeubles encore criblés de balles, et plus haut, dans les collines, la ligne de crête ou étaient postés les frères ennemis. Difficile d’oublier. Impossible d’effacer. Chaque visage croisé de plus de vingt ans, porte en soi cette lourdeur, ce passé. Il est comme gravé dans les sourires, les silences, les regards parfois un peu vides. Dans le tram, on perçoit un calme étrange, comme si, encore aujourd’hui on attendait de descendre pour être bien sûr d’être sain et sauf. Nous avons beau faire l’autruche, la guerre nous tape toujours sur l’épaule pour montrer sa présence. 

Au centre, le décor est plus riant. Les échoppes sont toutes ouvertes aujourd’hui. Dans le vieux bazar, des ferblantiers s’activent sur leur pièce ; les souvenirs de tous genres – même des veilles balles ou vieux obus sont convertis en souvenirs – débordent des petits magasins. L’ancien bazar couvert est envahi par des négoces de pacotille ou d’artisanat - notamment le plus intéressant, les service de café turc.

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Une fois encore, la Grande mosquée et la Medressa sont portes closes. Contrairement aux deux cathédrales chrétiennes. Etrange et surtout dommage, j'aurais bien jeté un oeil à l'intérieur de ce très beau bâtiment, voir sous les coupoles. 

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Sur Ferhadjia, nous prenons le temps de dévorer des immenses gâteaux à la crème ou au chocolat, chez « Michelle », petit goût d'Autriche dans ses viennoiseries (les bien nommées).


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Sur l’avenue Maréchal Tito, on aperçoit ça et là, toujours, des impacts de balles. Pas un quartier, pas un immeuble ne semblent avoir été épargné. On colmate parfois les trous avec un peu de plâtre qui forment des tâches plus blanches, encore plus visibles, parfois on les laisse. Mais ils sont là, indélébiles. Les trottoirs se remplissent de cette foule qui arpente les rues, comme dans n'importe quelle autre ville de notre continent. Nous passons devant un tout récent centre commercial, escalator, enseigne mondiale, baies vitrées. Juste en face, de l’autre côté de la chaussée, le square avec le monument des enfants tués lors du siège. Toujours cette dichotomie. Cet impossible oubli.

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Nous reprenons le tram, à l’envers, redescendons la Sniper Alley. La voie passe devant le bâtiment de la télévision, point névralgique pendant la guerre, devant l’hôtel Holiday Inn, où vivaient bon nombre de journalistes occidentaux pendant le siège.
Dans le tram, une jeune femme à la beauté éblouissante. Je prends son portrait.


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Ce soir, le temps est menaçant, l’orage guette, nous mangeons un plat de pâtes avant d’aller nous reposer.

J’ai plein de sentiments très différents qui se mélangent dans mon esprit. Sarajevo n’est pas une ville facile, chaque pas est toujours une interrogation, sans cesse un référencement à ce qui est arrivé. A ce qui pourrait encore arriver, si… Toujours un peu d'apréhension de dire ou de faire, quelque chose qui sera mal perçu, mal intérprété.
Je suis heureux de ne pas être venu ici avant. J’aurais vraiment trop eu l’impression de sombrer dans une sorte de voyeurisme. Aujourd’hui, il existe une génération qui n’a pas connu le conflit. Une première génération qui devra s’inventer de nouvelles perspectives.

Au vu des circonstances économiques actuelles, la partie ne sera pas simple. 

8 août 2013

Bjelašnica et Sarajevo (Bosnie)

Jeudi 8 août

Je pars dès le matin à la poursuite de mon boulon de selle. Je tiens absolument à faire du vélo dans les environs de Sarajevo. Je commence par choisir très mal mon jour. Aujourd’hui, tout est fermé, c’est Bajram. Le monde musulman fête en ce jour la fin du Ramadan. C’est le dernier jour de jeûne. Je trouve des magasins de vélos sur la Sniper Alley, portes closes, bien entendu. Essayez de trouver une tige de selle le 25 décembre par chez nous. 
Après ce demi-échec – il existe quand même des magasins spécialisés – je retourne au camping avec des burreks tout chauds, achetés dans une boulangerie albanaise.

Pour Sophie, la journée va être longue, elle n’est pas très bien. Nausées, manque d’énergie, elle n’est pas au meilleur de sa forme. Nous décidons alors de ne pas nous aventurer en ville tout de suite, mais d’attendre le soir, pour profiter de Bajram.
Nous ferons une balade en voiture, du côté du Mont Igman et ses pistes olympiques. Encore aujourd’hui, la forêt est par endroit minée. Dans toute la Bosnie, ils restent des poches qui ne sont pas entièrement sécurisées. Il suffit de ne pas sortir des chemins et routes, dans ces zones, pour ne pas prendre de risques. C’est une autre histoire si vous voulez aller aux champignons. 

Plus loin, après la station de ski, qui retrouve un second souffle après les destructions de la guerre, la route s’enfonce dans le massif de Bjelašnica qui culmine à plus de 2000m. La montagne se révèle, avec ses forêts, ses alpages, ses falaises calcaires et ses villages disséminés dans le tableau. Šabici, Umojliani, Sinanovića, Rakinitca, Bobovica… et encore, ce sont ceux qui sont reliés à la ville par la route goudronnée. Plus haut, plus loin, plus reculés, il y a encore des dizaines de hameaux à découvrir.

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Pour beaucoup, ils ont subi les affres du nettoyage ethnique perpétré par les forces bosno-serbes, et bon nombre de villages ont été reconstruits. Difficile d’imaginer tout ça maintenant, sous ce soleil estival, dans ce paysage riant.
Difficile d’imaginer, également, que Sarajevo ne se trouve qu’à quelques kilomètres d’ici. Nous sommes vraiment en pleine montagne, avec une agriculture de montagne : petits lopins de terre cultivés, vaches, brebis. Si ce n’était les petites mosquées
qui prennent la place des clochers,  et quelques vieilles femmes portant le voile – quoique, les mêmes qu’en Serbie orthodoxe - cela ressemble fortement à nos Alpes. Il y a cinquante ans.  
Nous croisons quelques personnes sur le pas de leur maison, sur leur trente et un.  Ce soir c’est Bajram, et tout le monde s’apprête à descendre à la capitale.
Nous faisons de même. Sophie, toujours brassée, ne profite pas, elle dort presque toute la balade. J’espère pouvoir remonter avec mon vélo, et suivre les panneaux qui annoncent de magnifiques balades en vtt…inch’Allah !...Il ne voudra pas.

Pour rentrer dans Sarajevo, il faut traverser une partie de la ville serbe. Il n’y a pas (plus ?) de frontière, de poste de police, mais les panneaux en cyrillique ne nous trompent pas.

Nous déposons la voiture sur la rive droite de la Miljacka.

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Nous voici enfin à Sarajevo, en plein cœur de la Baščaršija, le quartier ottoman de la capitale. C’est la place de Sebilj, le cœur névralgique et touristique de la vieille ville. En son centre, la fontaine, surmontée d’un pigeonnier en bois. Et tout autour, les pigeons, qui font le régal des enfants, comme sur la place Saint-Marc de Venise.

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A gauche une vieille mosquée ottomane. Tout autour, des vieilles demeures de style turc, pierres et bois. Bien sûr, beaucoup de magasins de souvenirs,  restaurants avec « menu turistik », cafés à chicha, kebabs. Beaucoup d’échoppes ont le rideau baissé, nous sommes jour férié. La rue Ferhadija descend vers l’ouest. Entièrement piétonne, elle passe devant la mosquée Gazi-Husrev Begova, la tour de l’horloge, la Medressa, le bazar couvert.

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Puis, sans transition, les bâtiments s’élèvent soudain plus haut,  terminées les maisons basse typiquement bosniaques, on se retrouve au cœur d’une ville de province austro-hongroise avec ses immeubles pastels, des moulures rococos, de larges fenêtres, des balcons ouvragés, et des portes cochères monumentales et ornementées. Les cafés sont plus chics, avec des pâtisseries mitle-europa, et les négoces reprennent les enseignes qui se sont implantées dans tous les pays du monde. Voici la cathédrale catholique avec son clocher pointu et derrière elle, sur la gauche, la flèche à bulbe de la cathédrale serbe orthodoxe. Dans le petit parc, près des deux églises, des hommes jouent aux échecs gants, devant des curieux qui commentent le dernier coup.

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La rue Ferhadija s’incurve sur la droite et débouche sur l’avenue Maršala Tita. On y retrouve la ligne de tram et la circulation automobile, bien calme en ce jour de fête. A l’angle des deux rues, au pied d’un immeuble, une flamme éternelle rend hommage aux défenseurs de Sarajevo durant l’occupation nazie : Bosniaques, croates, monténégrins, et serbes de Bosnie. S’est-elle éteinte pendant le siège de Sarajevo ?

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Comme Ivann nous tempête son irrésistible envie de monter dans un vieux tram, nous cédons. Même s’il ne s’agit que de deux arrêts pour remonter à la place aux pigeons.

Le tram de Sarajevo. Il faudrait sans doute quelques pages pour expliquer l’importance de ce tramway dans la ville. Ouvert en 1885, brouillon officiel pour les lignes de de Vienne et des autres villes de l’empire Austro-Hongrois. Il relie le centre-ville ottoman, au pied du verrou montagneux de la partie est de la ville, à la petite station thermale de Illidža à l’ouest, en suivant la petite rivière de la Miljacka. La ville s’est développée autour de sa ligne, notamment tous les nouveaux quartiers du XXe siècle.

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La ligne principale s’enroule autour de la vieille ville, faisant demi-tour autour de la bibliothèque nationale. Cette bibliothèque que les factions serbes ont volontairement incendiée depuis les hauteurs de la ville, la prenant comme un symbole. On a souvent dit que cette guerre était aussi, au-delà du conflit nationaliste (ou religieux), une guerre entre les gens de la campagne, et les citadins. La bibliothèque était le symbole de l’intelligentsia. Les dégâts furent considérables, des œuvres inestimables ont été détruites à jamais. Par miracle, la Haggadah de Sarajevo a été préservée. La Haggadah est un très ancien manuscrit hébraïque expliquant l’histoire des juifs, elle a suivi l’exode de son peuple de Tolède à Sarajevo en 1492. Ce n’est qu’au XXe siècle qu’elle est réapparue dans les mains d’un enfant juif de Sarajevo. Protégée pendant la deuxième guerre mondiale, par un musulman, elle le fut également pendant la guerre de Bosnie par les autorités bosniaques.
Aujourd’hui encore, la bibliothèque est fermée. En perpétuelle restauration, elle cache aux visiteurs une partie de ses murs peints de jaunes et grenats et ses arabesques derrière des échafaudages. Belle histoire également que celle de ce bâtiment, érigé pendant la période austro-hongroise, en 1896. D’abord Hôtel de ville, son architecte, Alexandre Witek, l’a conçu dans un style néo-maure en s’inspirant de l’Alhambra de Grenade et du Memluk du Caire.

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J’achète un billet pour deux  - enfin je crois – au chauffeur. Entre les deux arrêts, voilà qu’un type patibulaire me demande les tickets. Aucun uniforme, juste une carte mal en point qu’il me présente comme preuve de son assermentation. Il fallait deux billets. J’essaye de parlementer en expliquant ma bonne foi, que nous venons d’arriver, de monter, que nous nous arrêtons au prochain arrêt. Que je n’ai pas de « money » pour payer… combien déjà ? 20 ? 30 €… ?
Soudain, les autres passagers, qui semblaient à mille lieux de nos histoires, commencent à intervenir, d’abord l’un, puis un autre, et une femme… ils montent un peu le ton, et demandent au type de nous laisser tranquille, j’entends plusieurs fois le mot « turist ». Il cède. Il descend avec nous, à l’arrêt Baščaršija et il me serre la main « no problem, no proble, welcome in Sarajevo ». Un vieil homme qui avait pris notre défense vient nous voir et en tapotant ses tempes avec son index, me fait comprendre qu’il est fou…
Est-il ou pas un vrai contrôleur ? Nous ne le saurons jamais avec certitude.

Rive droite de la Miljacka, les habitations partent à l’assaut de la colline de Vratnik. Sans aucun doute, l’un des quartiers les plus authentiques de Sarajevo avec sa multitude de petites maisons ottomanes, pierres, bois et tuiles rouges, qui s’accrochent à la pente ; et ses minuscules mosquées, innombrables. Nous prenons un mini bus jusqu’au sommet de Vratnik, où se détache un vieux fort, le Jajce. De là-haut, la vue est imprenable.

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On surplombe Sarajevo, toute la coulée urbanistique qui dégouline dans son large vallon jusqu’au pied du Mont Igmann. Il est impossible de ne pas penser aux forces serbes qui étaient postées ici, comme sur toutes les collines encerclant Sarajevo.  Ces « hommes des collines » qui avaient à portée d’un jet de pierre, leur concitoyen en ligne de mire dans une lunette de fusil. Cela paraît presque irréel aujourd’hui. Comment cela a été possible ? Comment a-t-on pu laisser cette ville, prise dans une siège de 4 ans (plus long que Stalingrad), se débrouiller seule. C’est assez inimaginable. En 1984, elle accueillait le monde, en 1992 elle était devenue invisible.
Qu’elle est belle cette ville vue d’ici. Ce travelling qui m’a toujours fait rêver sur les toits de la cité. L’œil qui passe des centaines de minarets, aux clochers de quelques églises orthodoxes ou catholiques, et la vieille synagogue, là-bas, sur les rives de la rivière.
Je suis prêt à faire le pari, que d’ici quelques années, cette forteresse en ruine, où les touristes viennent photographier au soleil couchant les toits de la ville, sera transformée en restaurant ultra chic. Le site est superbe.

Le soleil désormais de l’autre côté de la montagne, nous redescendons la colline à pieds, passant devant quelques petites mosquées qui lancent l’appel à la prière de la fin du Ramadan. Il est vrai que nous ne sommes pas au cœur de la ville, mais je m’attendais à une véritable explosion sonore au moment de la rupture du jeûne. Il n’en sera rien, les chants sont assez courts, et aucun coup de canon – comme j’avais entendu en Tunisie il y a quelques années – ne vient imposer sa présence. D’ailleurs, même pendant la journée, les gens de Sarajevo boivent, mangent ou fument, sans vergogne ; malgré Ramadan. On dirait vraiment que chacun est libre de faire ce dont il a envie, de ce côté-là. Nous sommes bien loin de la peur que certains avaient, de voir la Bosnie devenir une base pour la pénétration d’un Islam radical au sein de l’Europe. En tout cas, à l’œil nu d’un touriste de passage, l’Islam est discret. Peut-être même beaucoup plus discret que dans nos villes de France.

Nous nous perdons un peu dans le dédale des ruelles de Vratnik, faisant une pause avec des centaines d’autres personnes sur la terrasse d’un jardin public, juste au-dessus de la bibliothèque nationale et d’un vaste cimetière aux pierres tombales blanches, et qui révèleront des dates de décès des années 90. Les lumières de la ville s'illuminent les unes après les autres, le moment est assez magique. Même si nous devons surveiller que les enfants ne passent pas par dessus la ballustrade. 

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A nouveau sur Sebilj, puis le long de la Ferhadija, nous avons l’impression d’être dans une tout autre ville. La foule, compacte, déambule. Les cafés font le plein jusque sur les trottoirs, on ne distingue plus la musique d’un pub de la télé d’un autre, les familles se baladent, la jeunesse défile et les touristes regardent. Sarajevo est bien vivante ! Bien sûr, ce soir, c’est Bajram, mais tous les soirs, du moins en été, la ville est prise d’assaut une fois la nuit tombée. Quelques femmes portent le voile, mais en général de manière fort élégante, très classe. Souvent un « costume » blanc d’ailleurs.

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Mais pour l’essentiel, elles adoptent des tenues très occidentales, voire très courts vêtues. L’impression de se trouver un peu en Italie où les gens font très attention à leur apparence, même si parfois, cela frôle le mauvais goût. (C'est moi qui dit ça ? C'est vrai que je suis spécialiste es fringues !) Par contre, je remarque que sur les tables des terrasses, même si ce n’est pas exclu, il y a très peu d’alcool.

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Nous terminons la soirée dans un petit restaurant de la Baščaršija à manger des brochettes et à engueuler Louna qui dit ne pas aimer les brochettes !

« Mais comment peut-on ne pas aimer des brochettes ???? »  hurle papa.
« Je veux des frites, que des frites » poursuit la gamine.
« On ne mange pas QUE des frites dans un restaurant ! Répond-t-il sans céder.
« Moi j’aime bien les brochettes, moi ! » nargue le petit frère.
« Ivann, commence pas à embêter ta sœur, et toi, Louna, arrête de pleurer immédiatement ! » souffle la mère.

Et voilà comment, deux mômes, peuvent vous ruiner un jour de fête…

 

 

 

7 août 2013

Kremna (Serbie) - Sarajevo/Illidža (Bosnie-Herzégovine)

Mercredi 7 août

Départ Kremna 10h
Arrivée Illidža 16h30
160km

Nous sommes enfin efficaces dans notre rangement et pouvons décoller assez tôt du camping. Mais voilà, après avoir fait un plein à la station-service, notre cb, que dis-je, nos trois cb, ne passent pas. Merde ! Il y avait pourtant le macaron, mais comme nous explique le franco serbe qui passait par là par hasard, ce n’est pas un gage de réalité. Merde ! Nous n’avons plus d’euros, plus de dinars, et la première tirette est à 50 bornes de là, mais dans la direction inverse de Sarajevo. Dans un dernier et ultime lancement de dés, je touche le jackpot, il prend les marks convertibles, ceux qui nous restent de notre première incursion en Bosnie. Bénis soient-ils ! En passant, je remarque que quand il s’agit de thunes, l’argent n’a pas de nationalité.


Allez, nous ne pouvons pas passer sous le village de Kusturica sans nous arrêter, quand même. Nous visitons Mecavnik, ou bien Drvengrad, ou alors Küstendorf, les trois noms de ce village-hôtel-musée-studio de cinéma. Kusturica a voulu en faire un village-témoin des anciens villages de montagne des alentours. Un lieu touristique sans made in china ou coca-cola, une de ses volontés également. Franchement, c’est réussi. Et nous devons bien avouer qu’avec un peu de largesse niveau budget, la location d’un petit chalet de bois ou l’utilisation de la piscine couverte sont bien tentantes.

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Ce que nous ne savions pas, c’est que le brave Emir a vraiment sa maison dans le village. Et lorsqu’un hélicoptère s’apprête à décoller, Sophie m’appelle et me montre le cinéaste adulé (ou décrié par les bosniaques) qui s’envole dans les airs avec son petit joujou. Y a pas à dire, mais la célébrité, ça permet quand même quelques facilités. Même quand on a pour idole Che Guevara et qu’on milite contre l’ultra capitalisme et la main mise américaine sur l’économie mondiale. 

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Nous passons la frontière sans encombre. Drôle d’endroit ou un type nous demande un euro pour une sorte de taxe écologique, et comme je ne saisis pas tout, il n’insiste pas. Drôle de frontière également, ou nous n’entrons pas en Bosnie mais en Republika Srpska. L’une des deux entités du pays avec la fédération croato-bosniaque. Chacun son propre gouvernement, chacun son école, sa police, son alphabet, son drapeau. Le tout chapoté par la communauté internationale et une présidence tournante entre les trois communautés. Un pays à l’administration mille feuilles où le nationalisme unitaire semble absent. Peut-être qu’avec l’équipe de foot qualifiée pour le Brésil… il y aura peut-être, un début de semblant de ralliement à une idée de la Bosnie-Herzégovine multiethnique. Rêvons.

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Nous faisons une pause au très beau monastère de Dobrun, où peut-être un jour le petit train de Ŝargan, retrouvera du service. Avec les falaises calcaires qui dominent le paysage, on a un paysage du sud.

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Nous arrivons à Višegrad, la ville du célèbre roman de ville de Ivo Andrić, le plus grand écrivain (du moins le plus reconnu) yougoslave : « Le pont sur la Drina ». Un livre que j’avais lu il y a des dizaines d’années. Je me retrouve donc sur ce fameux pont, avec toute ma petite famille, dans cette ville dont Andrić a fait une chronique épique depuis l’occupation ottomane jusqu’à l’arrivée des austro-hongrois. Ce pont qui était le cœur battant de la cité, lieu d’intrigues et de règlements des conflits. Il garde encore aujourd’hui sa splendeur avec ses 11 arches qui enjambent la Drina.

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Dans un petit bouiboui local, nous mangeons le plat typique de Bosnie, les ćevapčići.

Sur une espèce de petite presqu’île qui s’avance sur la Drina, nous apercevons la nouvelle lubie de notre pote Emir. Et je comprends peut-être un peu mieux pourquoi, côté bosniaque, celui qui est né à Sarajevo de parents serbo-musulmans, et qui s’est converti à l’église orthodoxe en 2005, est considéré comme un traître. Dans son Andrićgrad, qui se veut un village-studio grandeur nature pour permettre de mettre en scène « Le pont sur la Drina », trône en son centre une énorme église orthodoxe. Et pas le moindre signe de mosquée. Etrange quand on sait que Kusturica, voulait en faire « une ville qui crée une image de continuité, qui relie les différentes étapes de l’histoire de Višegrad ».

La Drina nous réserve sa meilleure et sa plus abominable surprise. La route vers Sarajevo longe un magnifique défilé. Le serpent d’eau se faufile entre les hauts sommets avec sa couleur verte. Un site magnifique.

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Mais quand on s’arrête on découvre des milliers de bouteilles en plastique qui dérivent en direction de Perućac. Un terrible gâchis. Un crime écologique.

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Quand on sait que la rivière a été une des fosses communes les plus utilisée pendant la guerre, on ne peut s’empêcher de faire un parallèle avec toutes ces bouteilles qui divaguent. On passe devant les panneaux qui indiquent Goražde, un nom qui résonne encore tristement à nos oreilles.
Tous les panneaux sont en cyrillique sur la route, et quand un bled est notifié dans les deux alphabets, le nom en latin est barré. Nous sommes désormais sur des routes de montagne, passant deux cols autour de 1000m sur d’immenses « polje ». Il faut traverser le massif de Jahorina et abandonner la direction de Pale, la capitale des serbes de Bosnie pendant la guerre, avant de rentrer dans Sarajevo.

Enfin, nous voilà dans cette ville mythique. La ville martyre. La Jérusalem européenne. Nous attendrons pour venir la visiter, nous resterons quelques jours. Pour l’instant nous devons rejoindre le camping, de l’autre côté de la métropole. Si Sarajevo a une correspondance avec Grenoble à cause de sa situation au cœur des montagnes, elle est très différente dans son urbanisme. Elle s’etend en fait dans le lit d’une vallée, longeant sur 15 kilomètres la petite rivière de la Mijliacka. Les maisons s’agrippant sur les côtés, montant à l’assaut des collines environnantes, comme si l’urbanisme débordait du lit et submergeait les berges pentues.

Pour rejoindre Illidža, et son camping, il faut traverser la fameuse « sniper alley ». Une longue avenue bordée par les immeubles des quartiers titistes, encore passablement ébréchés par les tirs de balles.

Le camping change de celui de Kremna. Du tout au tout. Il est immense, il y a beaucoup de monde, surtout des italiens, encore qu’il y ait assez d’espace pour ne pas se marcher dessus. Les gosses peuvent se balader sur des kilomètres avec leur vélo.

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Nous sommes à deux pas (enfin un kilomètre) de la gare terminus du tramway. Bref, parfaitement bien placé. Même si pendant que nous faisons notre popote, nous nous apercevons que juste de l’autre côté de la route, il y a un camp de gitans, qui font bruler je ne sais quelle matière en plastique. Mais l’odeur pestilentielle est parfois carrément désagréable.
Nous sommes donc bien dans une grande ville.

6 août 2013

Parc national de Tara (Serbie)

Mardi 6 août

Vu que j’ai récupéré une carte de chemins de MTB, que j’ai repéré quelques panneaux indiquant ces chemins, ce matin, je me lève aux aurores pour me faire un grand tour. Je ne serai pas déçu. C’est un paradis pour le vtt. Dommage que je casse un boulon de selle sur le retour (heureusement, ne restait plus qu’une descente pour rejoindre la tente). Ce sera son dernier tour à mon Rockrider. Je tenterai, en vain, de trouver une tige de selle adéquate sur Sarajevo. Jusqu’à ce qu’il soit volé, une nuit, au camping.

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Mais avant cette mésaventure, il va me porter à travers les forêts magnifiques de la Tara pour un superbe tour en boucle de 50 bornes environ. Sur de larges chemins forestiers, je parviens au village de Mijlievici, véritable bout du monde avec ses maisons bardées de bois et sa tranquillité.

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Je ne croise personne si ce n’est, surgie d’un virage, une charrette tirée par deux énormes bœufs. Le paysan me salue et me confirme le chemin.  

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J’avais quitté le sentier principal, bien marqué, qui relie Zlatibor à la Drina. Plus de 80 bornes de traversée. C’est vraiment à faire. J’ai donc loupé l’embranchement prévu, je m’inflige 300m de dénivelée supplémentaire. Tout en roulant, je me dis qu’il y a vraiment des choses à développer dans le tourisme sportif et rural. Je repasse sur la route, d’abord goudronnée, puis en caillasse, de la veille.
Je récupère le sentier numéro 1, le « Ŝargan », et je m’enfonce dans la forêt. Sapins géants, tapis de fougères à l’ombre des pommes de pins, petites granges disséminées au creux de quelques valons perdues, vues dégagées sur les crêtes boisées, passages de zones scandinaves sur les versants nord à des atmosphères méditerranéennes sur les versants sud ; tout pour faire une agréable randonnée à vélo.

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Nous saluons nos voisins français qui s’en vont errer un peu dans cette Europe méconnue. Et nous nous retrouvons à nouveau seuls dans le camping.

Première étape obligatoire, il va nous falloir retirer de l’argent. Nous partons pour Bajina Bašta dans ce but. C’est une petite ville sur les bords de la Drina, de l’autre côté de la rivière, la Bosnie. Nous trouvons un ATM et remarquons une étrange construction sur la Drina. Une maison construite sur un rocher, en plein milieu du courant.

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C’est dans le coin qu’a lieu une grande fête sur la rivière, la Drina Regatta, au cœur de juillet. Une grande fête populaire sorte de régate vénitienne… mais slave.


En amont se trouve le barrage de Perućac, et son petit village. Nous nous arrêtons déjeuner dans un restaurant sur le bord de la rivière. Au menu, truites et sa petite sauce aillée. Un endroit idyllique avec ses grandes tables sous l’ombre bienfaitrice de grands arbres et le bruissement d’un petit ru, qui s’écoule au milieu de la terrasse.

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Le paysage au-dessus de la grande retenue d’eau est étonnant. Le lac qui s’est formé a submergé toute l’ancienne vallée de la Drina, formant un immense lac, relativement étroit mais qui remonte sur des kilomètres. D’ici à Višegrad, sur plus de 80km, aucune route ne permet de longer la rivière qui s’enfonce entre les montagnes sauvages et désertes.
Sur le lac, des dizaines de maisons flottantes abritent des estivants, qui vivent littéralement sur l’eau. Vraiment, un endroit particulier. Péché capital, les bouteilles en plastique sont flottantes aussi.


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Nous nous engageons sur une petite route de montagne pour tenter de rejoindre le cœur du parc national. Mais après 10km aérien, nous sommes obligés de faire demi-tour, la route devient chemin, et nous ne voulons prendre aucun risque avec notre Picasso surbaissée.
Nous rejoignons donc Mitrovac, le centre touristique, par la route principale, qui nous ménage des vues imprenables sur le barrage. C’est à partir de là qu’un court chemin nous mène à Bajina Cesta, un formidable belvédère sur la vallée de la Drina qui s’écoule 800m plus bas à la verticale. Avec ses sortes de pins parasols qui s’accrochent dans la falaise, le point de vue est fabuleux. C’est vraiment très beau. Dire qu’il y a 20 ans, on s’est battu aussi sauvagement dans ces paysages grandioses.

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Ces forêts profondes abritent une soixantaine d’ours, mais aujourd’hui ce sont les guêpes, par nuages, au plus profond même de la forêt qui nous font le plus peur.

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Un homme, pendant que nous nous préparions à partir, me demande si je ne veux pas lui vendre mon porte vélo sur boule. Il avait sans doute anticipé que j’allais perdre mon vélo.

Le potentiel touristique est vraiment impressionnant dans cette nature superbe. Bien sûr, les serbes, eux, connaissent leur pays, et ils sont assez nombreux à passer des vacances dans le parc. Il existe donc les infrastructures sans la foule. Nous buvons un coup dans un restau/hôtel, et les gosses posent devant un loup empaillé.

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Au camping nous faisons la raçun (la note) avec notre hôte qui nous ressert une petite poire pour la route. Il  nous présente ses voisins, qui vivent en France. Nous discutons un peu, échangeant un peu sur leur pays, les choses à voir, et ils sont relativement surpris de voir que nous sommes enchantés par le petit séjour. Le gérant, lui-aussi, nous dit que nous sommes des « bons campeurs », parce que nous ne faisons pas que passer, comme tout le monde, mais que nous avons pris le temps de visiter un peu les environs. « You look, you look »
Je n’ose pas lui dire que nous n’avons même pas vu le pôle touristique de Mokra Gora, le village « modèle » de Kusturica.

Je laisse quelques images du camping, parce qu'on le Like à mort !

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5 août 2013

Le Huit de Ŝargan - Lac de Zaovine (Serbie)

Lundi 5 août

Peut-être avez-vous vu le film d’Emir Kusturica « La vie est un miracle ».

Dans ce film sur l’amour entre un serbe et une bosniaque pendant la guerre, le personnage principal du film est un petit train touristique. J’ai découvert en préparant le voyage que ce train existe bel et bien, il se nomme le 8 de Ŝargan, parce qu’il s’enroule autour d’une montagne afin de franchir le dénivelé, formant un 8.  J’ai appris aussi que Kusturica a créé un village à l’ancienne, sorte de musée/complexe touristique. Alors, un peu pour faire plaisir à Ivann qui est dans sa période train, et surtout pour revoir les paysages magnifiques qui sont dans le film, j’ai prévu ce petit crochet en Serbie avant de rejoindre Sarajevo.

La vie est un miracle, surtout quand on trouve une machine à laver dans les campings. Notre hôte nous permet de laver les deux tonnes de fringues qui commencent à s’entasser de façon anarchique dans les valises. Il propose également à la location un appartement tout équipé pour 5/6 personnes. Et la différence de prix, 30 euros l’appart, 20€ l’emplacement avec la tente, me fera réfléchir à deux fois si un jour je reviens dans le coin.

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Je fais un saut avec Ivann à la gare de Mokra Gora, histoire de réserver des billets pour le train, et pour trouver un ATM. Mais il n’y a rien par ici, la première tirette se trouve à plus de 50 bornes. Il va falloir se débrouiller autrement. Je règle les billets par cb à une guichetière/dragon qui a oublié que la période titiste est terminée depuis belle lurette.
Ivann est comme un dingue devant les vieilles locomotives et il faut que je m’arme de patience pour lui faire comprendre qu’il doit en avoir, lui aussi, avant de prendre le « train vieux ». 

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Nous revenons en famille pour manger un bout dans le restau de la gare. Nous commandons une assiette de spécialités locales : des haricots lingots, des sortes de cheveux d’anges surprenants (c’est fait avec quoi ?), de la viande séchée type viande de grison, de la crème des montagnes au goût inimitable, du « pain frit » identique à ce que l’on trouve en Italie du côté de Parme et du kashkaval pané (du fromage pané).

Vers 13h30 on embarque.

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Nous sommes dans le premier wagon et nous passons notre temps entre la plateforme extérieure et les banquettes en bois de la rame. Pendant deux heures, le train serpente dans un paysage forestier, passant de tunnels en tunnels, s’arrêtant pour les pauses photos aux différents belvédères, dans les gares où a été tourné le film.

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Le train lui-même est un petit musée ferroviaire avec ses différents wagons d’époques différentes. Les banquettes en bois, des poêles à charbon, la liste des anciens tarifs, les petits zincs de la « première classe », tout contribue à un petit retour dans le temps. C’est franchement agréable et à ne pas manquer. Surtout pour les mômes qui s’amusent comme des petits fous. Un manège grandeur nature.

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Après la balade ferroviaire, nous partons en voiture pour le lac de Zaovine. Nous passons une espèce de col sur une route qui n’est plus goudronnée. Nous sommes en plein cœur du parc de la Tara que Kusturica préside. En plein milieu aussi, des paysages de « La vie est un miracle ». L’équilibre entre cette nature généreuse, ces forêts de conifères sauvages où vivent ours et loups entre autres, et la présence de l’homme discrète mais omniprésente, avec ses maisons de bois typiques et les champs fauchés, est parfait. L’un ne pourrait aller sans l’autre.

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Sur un replat, nous voyons une vieille femme filer de la laine, pendant que trois aigles aux ailes déployées tournent au-dessus de nos têtes.
Plus loin, tout en bas, le barrage de Zaovine forme une vaste étendue liquide qui s’insère parfaitement dans le décor.

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Nous en faisons le tour sur des montagnes russes, passant d’un bras à l’autre, d’un ancien vallon désormais submergé à une multitude de petites criques et baies. Décidemment, dans ce coin d’Europe, il faut apporter un bateau avec soi pour être le Roi du monde.

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Autour de la digue, un camping plus ou moins sauvage s’est développé. Des jeunes gens campent, vont s’amuser sur une sorte de petite plage, s’embarquent sur des petits bateaux pour les plus chanceux, cannes à pêche en main.

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Il existe une espèce de conifère endémique dans ces régions. Il est vraiment difficile de les reconnaître, pour des profanes comme nous, dans cet océan sylvicole. Ce qu’on remarque, par contre, c’est la hauteur de ses arbres, c’est aussi l’entretien de ces forêts. Sur les versants ensoleillés, des pins presque parasols s’élèvent au-dessus de leurs congénères, les déposant de plusieurs mètres de haut.
Vous l’avez compris, je suis enchanté par les paysages.

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Pour faire plaisir à Louna, nous croisons sur le bord de la route, en train de se balader tranquilement, un cheval. Nous sommes obligés de nous arrêter pour lui dore "bonjour".

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Au camping, nous partageons quelques mots avec un jeune couple de français, et de leur petit garçon de deux ans, qui sont partis dans un road trip en camion aménagé jusqu’en novembre. Ils sont gentils, mais la fille, râle un peu sur les prix, l’absence d’internet, le temps, les routes, la bouffe, les gens… Comme un petit goût de retour à la maison...

 

4 août 2013

Zabljak (Monténégro) - Kremna (Serbie)

Dimanche 4 Août

Départ Zabljak 11h
Arrivée Kremna 18h
170km

Et voilà, dernière journée au Monténégro. Nous allons quitter ce tout petit pays qui a tant de choses à offrir. Direction son grand frère Serbe et la région de Mokra Gora, le fief d’Emir Kusturica. C’est un peu l’inconnu de ce voyage. On en reparlera.

Instantané Google Earth


Nous faisons nos adieux à nos voisins d’Outre-Quiévrain.
Le gérant me gratifie de son mythique « no problem » au moment de payer et de demander la facture. Tout un programme pour que toutes les infos qui vont me servir à me faire rembourser par le Fnas (sorte de CE pour les entreprises du spectacle vivant), soient inscrites sur le bout de papier qu’il me tend. Bon, 10€ la nuit, et les gosses ils payent ? No, No problem ! Cela fera l’affaire. Nous n’oublions pas de prendre Ivann en photo devant le panneau Ivan Do. Il y tient. C’est « son » camping.

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Obligés de repasser par le fameux Tara Bridge, nous en profitons pour prendre un café – turc bien sûr -  avec vue sur la rivière.  Nous arrivons rapidement à Pljevlja où nous accueille une énorme centrale thermique avec ses hautes cheminées crachant des nuages cotonneux de vapeur blanche. Au cœur de la Baščaršija (le vieux quartier ottoman), nous trouvons un petit restaurant idéal pour manger un bout rapidement. Dans un joli parc ombragé avec ses petits kiosques en bois, et le wifi en plus, on pourrait y faire de vieux os.

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Mais nous ne nous attardons pas, malgré la présence de vieilles mosquées et d’un réputé monastère orthodoxe.  C’est intéressant de constater, que si proche de la frontière serbe, et alors que nous sommes remontés vers le nord depuis Zabljak, les mosquées sont réapparues, alors qu’elles sont inexistantes sur le Durmitor, à moins de cinquante bornes de là.

Voilà la frontière, postée sur un col à plus de 1 300m, dans un paysage de moyenne montagne.

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Voilà les douaniers qui réclament nos papiers. Voilà le douanier qui fait la moue avec mon passeport. Voilà qu’il me montre que mon passeport ne passe pas à la lecture automatisée. Voilà donc, qu’après des minutes éternelles on nous demande de nous mettre de côté et d’attendre. « No problem ! »  Les minutes s’égrènent, mon passeport vole de mains en mains, on passe des coups de fil, on me fait signe que « no problem » mais voilà aussi que toutes les voitures qui traversent la frontière, nous dévisagent. Décidemment, j’en deviendrais parano. Toujours l’impression que quelque chose va foirer lors de ces contrôles. Je commence un peu à me remuer avec panique sur mon siège, ruminant contre le contretemps, commençant à élaborer de nouveaux plans de voyage si ces sales fascistes de serbes ne veulent pas me laisser passer dans leur fichu pays pour y laisser quelques euros. Non mais, c’est vrai quoi. Déjà que je leur fais l’honneur de les visiter… et puis voilà qu’on revient avec mon passeport, qu’on me le rend en s’excusant et en nous souhaitant un bon voyage.
Nous allons donc pouvoir rencontrer pendant quelques jours, avant de remonter sur Sarajevo, ce pays banni. Je ne sais pas à quoi m’attendre. Avec toute l’histoire récente et le rôle joué par les serbes, désignés - avec tort ou pas - comme les grands méchants de la guerre en ex-Yougoslavie, avec le rôle de traîtres qu’ont prit les français aux yeux des nationalistes (ou pas) serbes, je me demande bien si nous allons ressentir cette pression politique. Pour rassurer tout le monde, ou du moins ceux qui voudraient passer dans le coin, et surtout pour ne pas s’infliger quelques mauvais fantasmes, je vais dire : absolument pas. Je n’ai vu aucune différence notoire entre le Monténégro, la Croatie, la Serbie, pas plus qu’il n’y en aura en Bosnie. Nous sommes tenus à l’écart des ressentis nationalistes. Nous n’avons jamais été pris à témoin (ou en otage) d’une situation. Il ne faut pas se leurrer, les cicatrices sont encore fraîches. Très fraîches. L’essentiel, à mon avis, est de se tenir à sa place. Nous ne sommes ni juge, ni partie. Et comme nous ne sommes pas bogomiles, inutile de partager le monde entre bien et mal. Tout est beaucoup, beaucoup plus complexe, que le résumé médiatico-historique que nous avons eu de cette sale guerre.

D’ailleurs, cette complexité me saute aux yeux dès que nous abordons la ville de Prijepolje. Moi qui pensais que les serbes avaient fait un nettoyage ethnique dans la région, je m’aperçois, qu’ici, ce sont les mosquées qui sont les plus nombreuses. Il est vrai que la région du Sandžak, au sud-est de la Serbie, est une espèce d’enclave musulmane historique. La proximité de la Bosnie ou du Kosovo permettant l’interpénétration des populations. Toutefois, si les musulmans locaux se considèrent de nationalité bosniaque, ils n’en demeurent pas moins des citoyens serbes. Et alors qu’en Bosnie voisine, des vallées entières, petites villes et villages, sont devenues ethniquement pures, ici, la cohabitation entre serbes (pourtant majoritaires) et les autres nationalités ne semblent pas avoir posée de problème insurmontable.


Mais le plus étonnant, à mes yeux, c’est qu’il y a dans les environs proches de la ville, le monastère orthodoxe de Mileševa. Ce monastère n’est pas un monument religieux quelconque, mais sans doute l’un des plus importants pour les serbes orthodoxes. Fondé en 1235 pour abriter la dépouille de Saint Sava, le fondateur de l’église orthodoxe serbe. Saint Sava étant le frère du premier Roi Serbe couronné. Aujourd’hui, le monastère abrite les tombes du Saint Homme et de quelques représentants des Nemanjić, la première dynastie des Rois Serbes, et en gros, les fondateurs de la Nation Serbe. Quand on sait que la dépouille de Saint Sava a été brûlée par les ottomans sur la place de Belgrade en 1594, on s’interroge encore plus sur la cohabitation entre les deux communautés dans cette municipalité.
Autant dire, donc, que le monastère est sacré pour tous les serbes. Et comme, malgré 40 ans de communisme (ou à cause), la foi est terriblement ancrée dans l’esprit, l’âme même, de ce peuple, nous assistons à un bonne dose de dévotion à l’intérieur même du monastère, cerné de hauts murs, sur lesquels s’adossent une coursive circulaire desservant les cellules des moines, et bien entendu, à l’intérieur de l’église proprement dite, où se prosternent des hommes et des femmes sur les tombes historiques. Et les dinars qui s’entassent dans des urnes.

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Une autre particularité de Mileševa, et non des moindres, ce sont les magnifiques fresques qui décorent l’intérieur de l’église, datées de 1235-1240. Remarquablement conservées, grâce à un miracle de l’histoire. Recouvertes au XVIe siècle par d’autres peintures murales, elles-mêmes endommagées par les incendies perpétrés par les turcs, elles ont permis de sauvegarder les chefs d’œuvres du XIIe siècle à l’abri, au-dessous. Dont, le célèbre « Ange blanc », mondialement connu dixit le Petit Futé, qui ne se prive pas, parfois, de faire un peu dans l’exagération.

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Il fait une chaleur torride, et les murs d’un blanc éclatant qui réverbèrent les rayons du soleil, nous aveuglent par moment.

Il est temps de rejoindre notre destination. Nous traversons des paysages enchanteurs du côté de Zlatibor. C’est un vaste plateau autour de 1000m d’altitude, haut lieu du tourisme de montagne serbe. La route serpente entre les alpages, les forêts, ménageant quelques vues dégagées sur des sommets arrondis et dénudés. Ici, pas de roches, juste du végétal à perte de vue.

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A Kremna, nous trouvons sans problème notre camping. Le Viljamokva. Situé en pleine campagne, dans un petit verger de poiriers, terriblement tranquille, et avec un patron chaleureux, nous y passerons trois jours pleins. Le camping coup de cœur du voyage, d’autant plus qu’il est situé dans une magnifique région. Il faut dire que le Monsieur nous accueille bras ouverts, et surtout nous installe sous un appentis en bois bien décoré, pour nous faire goûter sa rakia, l’eau de vie qu’il prépare lui-même avec les poires williams du jardin. Il doit faire encore dans les 32/33°, mais les 45° des deux verres, remplis bien comme il faut, qu’il nous sert, nous coulent délicieusement dans la gorge. Une des meilleurs poires jamais bues. Nous en ramènerons une seule misérable petite bouteille. Grossière erreur, à 10€, le rapport qualité prix est imbattable.  Encore faudrait-il virer quelques tonnes de jouets pour pouvoir rentrer une caisse dans la Picasso.
Le gérant, en tout cas, qui file allégrement vers ses 70 ans, s’avère la personnalité la plus sympathique de tout le voyage. Il ne parle pas beaucoup l’anglais, mais moi non plus. Et un mot par ci par là, nous arrivons à bien communiquer. Quand Sophie lui demande s’il ne boit pas un verre avec nous, de sa rakia, il plaisante et nous explique que s’il boit à chaque fois qu’il accueille des touristes, il ne marcherait plus très bien droit. Il nous abreuve d’infos sur la région, nous donne des prospectus, et même pour moi, une carte des chemins de MTB. On se sent à la maison.


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Nous montons le camp avec le sourire aux lèvres. Au village, nous arrivons tant bien que mal à acheter quelques victuailles pour le soir. La dame ne parle que sa langue. Je m’efforce de parler serbe le plus possible. Pas simple. Et puis, nous y sommes. Pour de vrai. Si au Monténégro, le cyrillique était une option sur les écritures, ici, c’est l’alphabet latin qui a presque entièrement disparu. Je parviens toutefois à commencer à « photographier » les mots dans leur ensemble. Par contre, quand la dame m’annonce plus de 950 dinars pour les trois bricoles achetées, alors que je viens d’en retirer 1000, je fais un peu la moue, sors ma calculette pour vérifier et je m’aperçois tout penaud que 1 000 dinars, c’est à peu près 9€. Je pensais 100. Ça fait une belle différence.

 

3 août 2013

Randonnée dans le Durmitor (Monténégro)

Samedi 3 août

Nous nous préparons tranquillement pour partir faire une randonnée. Et le temps que tout le monde soit prêt, j’ai largement le temps de taper la discussion avec le jeune couple belge qui s’est installé à nos côtés. Nous nous résumons un peu nos périples, se donnant quelques infos sur tel ou tel endroit, nous racontant quelques anecdotes. Les joies des petites rencontres éphémères.

Nous faisons quelques courses à Zabljak… des burreks bien entendu. Même si c’est pratique, même si c’est assez sympa, surtout quand ils sont bien frais, on doit bien avouer également, qu’à un moment donné, on aimerait passer à autre chose. Heureusement, nous prenons deux barquettes « fruits des bois » à un vendeur. Histoire de manger quelques fruits. Ce n’est pas Ivann qui s’en plaint, il dévore ça.

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Nous remontons au col de Sedlo pour rejoindre le départ de la rando. C’est le chemin qui mène au Bobotov Tuk. Avec 300m de dénivelée, mais surtout un chemin de moutons, c'est-à-dire, une sente qui monte tout droit à travers les alpages, la balade s’avère plus difficile que prévue.

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A travers un paysage minéral, chaotique, ultra calcaire, nous avançons dans une extrême solitude. Nous ne croiserons que 7 personnes sur le chemin. Mine de rien, ce « désert » est impressionnant. Pas question de se fouler une cheville avec les gosses. Louna rouspète contre le chemin, trop droit, trop dur, trop raide. Ivann, lui, n’en finit plus de causer, bien tranquille dans le sac à dos. Réclamant, toutes les dix minutes, un grany parce que « mais j’ai faim papa ! ». Perso, je me fais mes petits délires hypocondriaques en subissant quelques petites extrasystoles. Mais une bonne première gorgée de bière plus tard, tranquillement allongé sur l’herbe face au grand cirque glacière, et je n’y pense plus.

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On peut voir le chemin qui monte au Bobotov, et contrairement à l’idée que je me faisais du Durmitor, je me rends compte que les randonnées sont très engagées, physiques. Les rares personnes qui s’y attaquent doivent passer par des pierriers interminables, le chemin n’étant alors plus qu’une espèce de trace rectiligne.

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Nous sommes en août, et il reste encore quelques névés par ci par là. Plus tôt dans la saison, le doute n’est pas permis, il faut s’équiper en crampons et piolets, au cas où. Impossible donc, avec des enfants, de monter beaucoup plus haut. Ce serait risqué. Inutile de dire que la paysage est grandiose. Nous sommes entourés par une série de hauts sommets, dont les plissements de terrain semblent carrément dessinés. Presque irréels.

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Nous retournons au camping assez tôt, pensant pouvoir nous doucher tranquillement avant l’arrivée des autres touristes. Mais nous recevons un « nema voda » (Plus d’eau) de la part du gérant. Cela dit, pour lui aussi il n’y a jamais d’eau dans sa rakia. Et quand je lui signale que nous partirons demain, il s’entête à comprendre que nous partons parce que l’eau manque. Et il me répète sa phrase magique : water tomorrow, tomorrow.

Je prends alors la décision courageuse –ou égoïste, au choix -  d’aller chercher de la flotte à la fontaine de Bosaca. Nous avons des douches solaires de camping, elles vont enfin être utiles. Comme je me plante, presque (in)volontairement, de route, je me retrouve à traverser une forêt magnifique sur le fameux « tour du Durmitor ». Je me retrouve donc sur une étroite bande goudronnée, toute neuve, qui surplombe de plus de 1000m la rivière Tara et son canyon.

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D’ici la vue donne sur les montagnes de Bosnie, sur les forêts serbes, et les sommets du Durmitor qui se colorent de violet en cette fin de journée estivale. De l'autre côté Zabliak se dévoile en entier, dans son écrin de montagnes. Nous partons demain, et je le regrette presque. Il y a tant de choses à faire et à voir. Mais la Serbie m’appelle.

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Je parviens tout de même à remplir mes deux douches et une fois l’eau chauffée dans une casserole, nous pouvons nous doucher tous les quatre. Finalement, dans cette douche assez spartiate, ce ne sera pas si mal. La plupart des gens du camping, dont les belges et une famille de marseillais, ont choisi l’option rinçage de sueur au lac noir. Il y a pire également comme salle de bain.

Pendant que nous terminons les restes du piquenique – je fais réchauffer les burreks à la poêle -  des quatrequaïstes, s’arrêtent discuter un moment avec nous. Ils viennent explorer un peu les nombreuses cavités, grottes, avens, puits, gouffres qui infiltrent le massif. Et de fil en aiguilles, ils nous apprennent qu’ils habitent Tullins. Chez les grands parents des gosses. Le monde est petit.  

2 août 2013

Plateau du Durmitor (Monténégro)

Vendredi 2 août

Comme ressenti à la Konoba, la nuit sera glaciale. Je relève un 11° dans la chambre de la tente, en pleine nuit. Mais cela vaut le coup de se geler un peu, ce matin c’est ciel bleu azur et petit déjeuner au soleil.

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Après un énième « no problem, tomorrow » concernant la machine à laver – avec tous ses câbles dans le hublot, à un moment je me demande même si je ne vais pas la brancher moi-même, seul souci, il n’y a pas de prises électrique – nous profitons du très beau temps pour faire un gros nettoyage de fringues. C’était le moment.

Pour rejoindre le Lac Noir, il y a une petite route goudronnée sans circulation. Idéale pour enfin pouvoir répondre à l’invitation de Louna ; petit papier que je garde précieusement sur moi depuis.

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Avec ce temps parfait, le Crno Jezero, est encore bien plus beau, presque idyllique dans son décor de haute montagne. On se balade avec Louna sur les sentiers aux alentours en attendant que Sophie et Ivann nous rejoignent. Sur la petite route, des petits étals vendent des verres en plastique qui débordent de fruits des bois (myrtilles, fraises, framboises) ; des mômes louent des voitures à pédales pour faire l’aller-retour ; on s’y promène à vélo, en roller, en patinette, à pied ; on s’installe sur des bancs et on discute ; c’est comme une petite effervescence urbaine en plein cœur des montagnes.

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Au camping, je grille du poulet sur le camping gaz, et je m’enfuis sur mon vélo après le dessert pour une balade extraordinaire. J’ai repéré quelques sentiers sur des cartes, et je vais tenter de ne pas me paumer en découvrant la partie steppe de ce haut plateau. A perte de vue, il s’étend tout autour de massif dolomitique, parsemé de hameaux et de fermes isolées, reliés entre eux par des chemins tout juste carrossables.

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Un détail me saute aux yeux, les maisons n’ont pas de paraboles. Je passe devant des fermes typiques de la région.

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Il n’y a personne, ou presque. J’aperçois quelques fois un homme dans un champ, un autre près d’un jardin. J’ai vraiment la sensation d’être seul dans ces vastes étendues. C’est un pur bonheur.

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Pas d’être seul, mais d’avoir le privilège de me balader dans des lieux aussi beaux. Je pense alors à tous ceux qui seraient émerveillés -ils se reconnaîtront, ils ont sans doute un vélo près d'eux - j’aimerais pouvoir leur donner envie de venir.


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Je parviens à ressortir sur une route goudronnée, et je tombe par deux fois sur une nécropole de stecci. Pas de panique, j’explique. Les stecci sont des tombes que l’on retrouve dans  toute la région d’ex-Yougoslavie, et notamment dans les environnements montagnards. Elles datent, pour la plupart, du moyen-âge entre le XIIe et XVe. Les historiens débattent encore pour connaître avec certitude leur origine. Ils pensent qu’elles font partie de la religion des Bogomiles, un courant hérétique parti de Bulgarie d’inspiration manichéenne, dualiste. En résumé, le monde se sépare entre le bien et le mal. Entre le monde matériel et le monde spirituel. Ils auraient inspirés les cathares, chez qui on  retrouve également cette forme de dualité, mais surtout le rejet par - et de - l’église régulière.

A l’arrivée des ottomans, ce courant a disparu. A priori, la plupart de ces Bogomiles se convertissant à la religion importée, l’Islam. Peut-être plus proche de leurs idéaux, peut-être aussi par une forme de pied de nez à l’église qui les considérait comme des hérétiques. Il ne reste donc aujourd’hui que ces tombes disséminées sur le territoire. Très souvent postées sur des petits monticules avec des vues imprenables, elles témoignent du choix précis d’un emplacement pour les morts.

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Autre aspect caractéristique, elles sont le plus souvent ornées de dessins géométriques, parfois même représentants une scène.

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Il faut savoir également que les bosniens, pardon, les bosniaques, c'est-à-dire, les bosniens musulmans, se considèrent comme les héritiers des bogomiles. Même si cela n’est pas avéré du tout. Il va sans dire – mais je le dis quand même – qu’en face, les bosniens orthodoxes, donc les serbes – faut suivre – les considèrent donc comme les traîtres, ceux qui ont trahi la religion chrétienne pour se donner à Allah.
Je suis très loin de ces considérations partisanes. De mon côté, j’en prends plein les mirettes, et je remercie les bogotrucs d’avoir pensé à mettre aussi un peu d’histoire au milieu même de ce paysage enchanteur.

Et ce n’est pas terminé. Je longe deux petits lacs.

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Quand j’arrive au second, je n’en crois pas mes yeux.Je ne sais plus si on m’a satellisé sur un haut plateau tibétain, ou vers le lac Titicaca.

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En tout cas, le bleu azur laiteux ne me permet pas de croire que je ne suis qu’en Europe. Dans une partie de l’Europe délaissée par le tourisme de masse. Méconnue. Injustement méconnue. Tant mieux pour nous, au final.

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Je dresse peut-être un tableau un peu paradisiaque pour le coup.

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Parce que – mais c’est ça qui est bon – autour du lac, se pressent une jolie faune de gens : jeunes hommes, bières en main et musique à fond dans les voitures; jeunes filles roulées comme des mannequins qui bronzent au soleil; familles en piquenique qui ont rapproché les voitures au plus près de la flotte; enfants qui se débattent en criant dans l’eau; et même un beau troupeau de vaches qui traverse une partie du lac sans oublier d’uriner de façon ostentatoire.
J’aperçois un type, menton carré, 1m90, tatouage sur tout le corps, biceps luisants, un sac en plastique accroché au short et j’ose m’approcher (je n’ai peur de rien moi, je suis un ouf !) pour lui demander si c’est bien ce que je pense qu’il est en train de ramasser en soulevant des cailloux. Et quand il me montre avec son sourire édenté, une énorme écrevisse qu’il tient entre ses deux non moins énormes doigts, j’appelle immédiatement Sophie pour qu’elle vienne me rejoindre avec les gosses dans ce petit éden.  

Bien sûr, papa montre aux gosses comme c’est un héros, et je pêche moi aussi, deux trois petites bestioles, histoire d’impressionner mes mioches. Nous passons donc une belle fin d’après-midi autour du lac.

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Nous allons voir les tombes avec la famille, les enfants semblent adorer.

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Au retour, histoire de faire un peu de tourisme, nous revenons au camping en faisant un petit détour sur des petites routes, là où commence l’immense plateau karstique du Sinjajevina, une sorte de haut plateau du Vercors uniquement franchissable à pieds, vélo ou…4x4. Les perspectives de balades me semblent inépuisables.

Je concocte un bouillon de pilić avec les os de midi et j’y ajoute quelques pâtes lettres, et pour ce soir, le tour est joué.  

Enfin, pas tout à fait, parce qu’en faisant la vaisselle, je bouche l’évier du camping. Il faut dire, qu’avec les colonies de scouts qui passent et repassent depuis quelques jours par ici, respectant autant les autres qu’une équipe de night clubbers à six heures du mat’ dans les rues d’une grande capitale, et qui en plus, se permettent de chanter leur prière à 6h du matin, et tant pis si ça réveille tous les campeurs ; il faut dire donc, que l’évier est passablement bouché avant même mon arrivée, et pas seulement par de la bouffe, mais aussi des poignées de cheveux puisque les scoutesses trouvent l’endroit idéal pour se laver les couettes. Je m’attèle donc à la tâche, mais si dévisser le siphon est un jeu d’enfant, je passe une heure à le remonter à cause d’un pas de vis pourri…ou du Krstac, le petit vin blanc qu’on boit sous la tonnelle. Heureusement que notre voisin belge de la tente me donne un coup de main (pour le siphon, pas pour siphonner le blanc), sinon j’y serai encore ; inutile de préciser que depuis, je ne porte pas les scouts dans mon cœur.  

1 août 2013

Lac Zabljan (Monténégro)

Jeudi 1er août

Encore une nuit froide et un réveil nuageux. Mais le temps de déjeuner et le paysage se dégage petit à petit. Je discute un peu avec des jeunes français qui préparent une montée au Bobotov Kuk. Un seul arrivera au sommet, l’autre trop secoué par les rafales de vent, l’attendra à l’abri. Ils ont également traversé le massif, dans la semaine, se mettant d’accord avec un taxi pour le retour. Bonne façon de faire des balades dans le Durmitor.

Chaussures aux pieds, bâtons à la main, sac à dos plein, nous partons pour le Zabljan Jezero.

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A savoir que l’entrée du parc, même juste à guibolles, est payante. 3€ par tête. Espérons que cette obole serve à quelque chose de concret.

Si la première partie de cette randonnée familiale est très facile, le chemin traverse, presque à plat, une magnifique forêt de sapins aux circonférences impressionantes.

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A Partir du hameau de Bosaca, le sentier attaque la forêt. Droit dans la forêt. Et au final, cette charmante petite balade n’est pas de tout repos. Surtout pour Louna qui peste un peu et dont on s’apercevra à mi-chemin qu’elle est déjà pétrie d’ampoules (Heureusement que nous avons apportés des pansements spéciaux). Et pour mes pauvres épaules qui supportent le poids d’Ivann dans son sac à dos.

Dans la forêt, nous rencontrons quelques bolets, un écureuil curieux et des moustiques voraces.  

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A Bosaca, des vieilles fermes de bois encerclées par leurs palissades, donnent au paysage ce petit plus dépaysant. J’adore ces montagnes qui sont encore habitées, travaillées, entretenues par les hommes. Les champs coupés à la faux, font éclater un camaïeu de vert.

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Au départ du sentier qui mène au lac, des malins ont mis dans un bac d’eau glacée qui provient de la source voisine, quelques bières et des sodas et un panneau indiquant le tarif : 1€50 ; avec bancs et tables pour s’y désaltérer.

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A la sortie de la forêt, après 300m de dénivelée, la vue se dégage. Derrière nous se dessine maintenant distinctement le Lac Noir, engoncé dans sa forêt.

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Plus haut, les falaises calcaires se rapprochent. Nous sommes dans les alpages, fleurs et vaches cohabitant.

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 Il faut redescendre dans un petit cirque glacière pour atteindre le lac, à 1780m.

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Le vent est par moment assez fort, et gelé.

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Dans l’eau, il y a des dizaines de tritons, sorte de petits lézards. Il me semble apercevoir également une espèce de sangsue.

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Tout ça ne semble pas faire trop peur à deux jeunes filles, qui retirent leurs teeshirts et se font une baignade topless.

Une fois avalé des burreks (what else ?) et s’être un peu prélassé au soleil revenu, nous redescendons rapidement par le même chemin. Pas fou, je force l’arrête bière à Bosaca. Et ce n’est qu’après la dernière gorgée qu’un type surgit pour réclamer son dû. Plutôt tranquilles les gens dans le coin.

Après la douche et la mise en beauté, nous allons manger à la Konoba Luna. Un petit restaurant où nous mangeons une soupe et une bonne truite grillée.

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J’essaye de me connecter avec la tablette sur le net pour envoyer un fichier pour le boulot, mais impossible de réussir la manœuvre. Il va falloir que je trouve une solution.
Nous ne faisons pas de vieux os sur la terrasse, la fraîcheur du soir ne nous le permet pas. Et à l’intérieur, ça fume. Beaucoup.  La loi anti-tabac n’a pas encore atteint les contrées balkaniques.

 

 

31 juillet 2013

Zabljak (Durmitor) (Monténégro)

Mercredi 31 juillet

Le Durmitor est toujours pris dans les nuages qui courent sur les arêtes. Cela fait tout drôle de se réveiller dans la fraîcheur.

C’est ce matin-là, que je m’aperçois que j’ai perdu mes chaussures de montagne, il y a plus de quinze jours. Ou plutôt des baskets de montagne. J’ai laissé mes brodequins à la maison, et pour être plus léger, j’ai acheté des Merrel à 90€ juste avant de partir. Pour être plus léger, je le suis. D’autant plus, que n’ayant qu’une paire de sandales estivales, je suis bien obligé de trouver une paire de chaussures. Si Zabljak est devenue – toute proportion gardée - a Chamonix du Durmitor, force est de constater qu’au niveau équipements de montagne, il manque une grande enseigne française dans le coin. Je fais les deux magasins du petit centre, mais soit il n’y a pas ma taille – du 43/43, ce n’est pas non plus comme si je demandais du 51 ! – soit les chiffres s’envolent : 90/100/130/150€…Holà ! Pour marcher trois quatre fois, je me contenterai d’une paire de mi-montagne, mi-ville…. à 70€.
Nous profitons d’être en « ville » pour nous connecter à internet, faire quelques courses à la Pekara (boulangerie) en faisant le plein de Burrek, et nous en profitons pour visiter un petit marché avec des produits du cru (fromages, légumes, œufs, beure, miel, plantes aromatiques et médicinales, mais aussi des babioles en plastique ou des fringues made in Taïwan)

Nous partons nous balader en voiture, histoire d’avoir une vision plus large de ce petit paradis montagnard. Le massif dolomitique est assez petit, pas très élevé, son sommet le Bobotov Kuk est à 2 522m. Mais il est dense, pas moins de cinquante pics à plus de 2 000m. Il semble littéralement posé sur un vaste plateau steppique, où les rares habitats sont dispersés à travers champs, parfois regroupés en minuscules petits hameaux. De quelques maisons. Les maisons anciennes – mais elles le semblent presque toutes – ont des toits triangulaire à forte inclinaison. Bardées de bois, elles donnent vraiment au paysage une touche scandinave. Des forêts de sapins, profondes et à la densité impressionnante, partent à l’assaut des sommets. Avec en toile de fond le blanc du calcaire, la touche est canadienne. Si on rajoute les plateaux calcaires en lapiaz, et les différents canyons qui entaillent le plateau, on se rend rapidement compte, que ce petit périmètre montagnard offre une grande variété de paysage aux visiteurs.

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Une route fait le tour du massif sur environ 80km, mais une partie n’est pas encore goudronnée. Je crois que ça ne saurait tarder. Nous piqueniquons au pied du col de Sedlo dans les champs en fleurs.

 

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La route devient alors un véritable enchantement. La montée au col (à plus de 1900m) dévoile tous les charmes de la haute-montagne. Les paysages sont grandioses.

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D’autant plus qu’un vent des fous vient dégager en quelques bourrasques, les nuages gris; le ciel, lavé, arbore fièrement son bleu de Klein.

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A travers les alpages, nous apercevons même des troupeaux de chevaux en liberté.

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Pour les amateurs de géologie, les plissements de terrain, avec leurs synclinaux et anticlinaux, sont un véritable livre ouvert sur l’histoire de la terre. J’en ai rarement vu de si parfaits.

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Patrimoine mondial de l’Unesco. Je comprends pourquoi.

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De retour au camping, je me charge de demander au gérant, un homme un peu bourru qui passe son temps à courir après ses vaches, et que je retrouve toujours à la réception, un verre de Rakia sur la table ; si la machine à laver toute neuve installée dans le bloc sanitaire fonctionne. Invariablement, et jusqu’à notre départ j’aurais toujours la même réponse : No problem, tomorrow, no problem ! Et comme il n’y a aucun Lavomatic à Zabljak, il va falloir se débrouiller.

En fin d’après-midi, j’enfourche le vélo pour faire un petit tour. Je descends d’abord au Lac Noir (Crno Jezero) par le chemin qui démarre du camping. C’est un lac alpin, relativement grand (1h30 pour le tour à pied), enfoncé dans une forêt de sapins. Dominé par le massif du Durmitor et ses falaises calcaires, c’est un superbe spectacle naturel.

 

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Comme une route y mène depuis le parking obligatoire, à moins de deux kilomètres en aval, il est devenu l’attraction touristique majeure du parc. Il y a beaucoup de monde, des familles en balade, des dames en habit du dimanche, des randonneurs qui descendent de longs treks, des sportifs occasionnels et d’autres plus endurcis.

Je descends sur Zabljak, et cherchant mon itinéraire pour retourner au camping par des chemins, j’explore un peu les environs, traverse quelques villages bien préservés, passe devant des vieilles fermes, roule sous des remontées mécaniques et longe un terrain de foot où des mômes essaient d’imiter Vucinic, la star locale. C’est un véritable paysage de carte postale.

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Ce soir pâtes au programme à l'abri de  la tente. Nous irons nous coucher en repensant à ce qu’Ivann nous a dit dans la journée : j’ai compris, le pelle c’est le monsieur, et la prière, c’est la dame ».

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30 juillet 2013

Utjeha - Zabljak(Durmitor) (Monténégro)

Mardi 30 juillet

Départ Utjeha 10h30
Arrivée Zabljak 16h30
195km

Changement de décor dans notre périple. Terminées les plages et la mer adriatique, nous les quittons pour les montagnes. Moins de 200 km pour passer d’un tableau méditerranéen à la haute montagne. Une paire d’heure pour fuir les 40° de la plaine de Podgorica et se retrouver en fin d’après-midi avec un thermomètre qui n’ose pas afficher 18°. Un col à mille mètre environ pour passer des oliviers aux forêts de sapins. Décidemment, ce Monténégro est surprenant.

Nos voisins serbes du camping nous saluent lors de notre départ. Dommage que la langue ait mit une barrière à nos relations qui se sont contentés de grands sourires et des polis bonjours. Dovidjenja la mer, les cigales, les oliviers, la chaleur, les touristes en maillot de bain, les parasols…

Podgorica, l’ancienne Titograd de l’époque yougo, est une minuscule petite capitale. Nous ne rentrerons même pas en son centre, la contournant par les larges avenues des faubourgs, où s’entassent quelques immeubles populaires passablement défraichis.  Sur le bord de la route, des étals de vendeurs de figues se sont installés.
Je ne peux m’empêcher de penser à l’équipe nationale de football qui est à la lutte avec celle d’Angleterre pour une participation à la coupe du monde 2014 au Brésil.  Podgorica n’est même pas grande comme un quartier de Londres, la totalité de ses habitants ne rempliraient que deux Wembley.  Malheureusement pour le petit David, c’est bien Goliath qui triompha à la fin.

La route s’enfonce dans le pays en suivant le canyon de la Morača. C’est une gorge sublime qui lacère littéralement le plateau calcaire de ses eaux émeraude et glacées.

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A chaque arrêt photo, je suis saisi par un vent brûlant qui souffle en continu. Une espèce de sirocco puissant, étouffant. Nous remarquons la ligne de chemin de fer, Bar-Belgrade, qui est tracée en hauteur du canyon. Une ligne funambule, sans doute très spectaculaire.
Nous jouons à saute-mouton entre une rive et l’autre, tunnels succédant aux tunnels. Il y a un peu de circulation, mais sans plus. On se croirait dans les gorges de la Bourne, dans le Vercors.


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Au col de Babljak, à 1040m, nous faisons une pause dans le restauroute. Juste le temps de se gaver de hamburgers géants pour les mômes et de Pršut fumé pour nous. Avec la sempiternelle salade chopska. Un peu de légumes frais dans cette fournaise, ça fait du bien.

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Nous voici déjà au cœur des montagnes noires, le Crna Gora. Les forêts de sapins sont denses, les lignes de crêtes dévoilent déjà leur alpages et sommets, on aperçoit même quelques névés. Des gros nuages noirs, menaçants, s’accrochent sur les hauteurs, de plus en plus denses. Nous repartons, les enfants tout contents, la patronne leur ayant offert des bonbons.
Nous voulions monter au lac de Biogradsko dans le parc national éponyme, mais l’accès payant, nous en dissuade. Il ne s’agit que d’une poignée d’Euros pourtant. L’avarice est un péché capital. En réalité, nous pensions y revenir, mais nous ne le ferons pas. Tellement d’autres choses à voir. Tout en roulant, nous sommes surpris par une odeur de jambon fumé qui sort de la forêt. Après avoir bien regardé, nous voyons quelques cabanes dans les bois, d’où sort par une cheminée une colonne de fumée. C’est ici qu’ils sont en train de fumer leur merveilleux jambon. Pas étonnant qu’il soit si goûtu.
A Mojkovac, nous essuyons un gros orage, avec des tourbillons de vent qui semblent vouloir arracher les toits des maisons.  La mer semble si loin, déjà. Nous bifurquons vers l’ouest après les dernières gouttes. Il fait désormais très gris. Et frais. C’est sous ce temps incertain que nous découvrons ce qui est l’un des clous du voyage au Monténégro : le canyon de la Tara. L’office du tourisme du pays n’y va pas avec le dos de la cuillère, il serait le plus grand au monde après celui du Colorado. A moins que ce ne soit l’office de propagande du tourisme ex-yougoslave qui ait inventé cette histoire de classement. Est-ce le deuxième en longueur, en hauteur, en profondeur ? Peu importe finalement. D’ailleurs, plutôt que de parler de canyon avec l’idée du Colorado ou même du Verdon, on devrait dire une gorge. Et c’est vrai qu’elle est impressionnante. La rivière Tara creuse pendant plus de 140 km son sillon dans le sol monténégrin, proposant 1 300m de profondeur au plus fort de son lit. Elle serpente dans un paysage de bocage alpin dans sa première partie, longée par la route elle-même bordée par quelques villages dont les maisons arborent des toits pentus, témoignant de la rigueur hivernale. Dans les jardins et les champs, on aperçoit les meules de foin en poire, réalisées à la main. Ce détail du paysage tellement typique des pays de l’est. C’est surtout à partir du pont qui l’enjambe au croisement de la route Zabljak/Pljevlja, que la Tara devient carrément sauvage. Les balades en canoës et surtout en rafting, dont les agences pullulent, sont le seul moyen d’accéder à ce site d’une beauté rare, désormais patrimoine mondial de l’Unesco. 150m sous le pont de Đurđevića, la Tara s’écoule. L’eau est d’une clarté absolue, on dit même qu’on peut la boire. Quand les enfants seront plus grands, nous reviendrons faire une journée de rafting, et parcourir ces derniers kilomètres de nature complétement sauvage.
Une tyrolienne a été tendue entre les deux rives, et des gens se procurent quelques sensations fortes.

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Il faut désormais passer un ressaut de la gorge pour atteindre le vaste plateau de Zabljak, et de fait, le Parc National du Durmitor, lui-aussi classé au patrimoine de l’Unesco. Les sommets dolomitiques du parc semblent posés sur cette étendue steppique. Avec ce  temps maussade, les forêts de sapins noirs semblent encore plus profondes et mystérieuses.
Zabljak (1 465m) qui n’était qu’un petit hameau de bergers, est devenue une petite ville touristique typiquement montagnarde. Quelques remontées mécaniques çà et là, une allée centrale bordée de magasins de tourisme, restaurants et hôtels. Vieille grange et bâtiment de béton. Il n’y a rien de remarquable en soi, mais une atmosphère détendue. Après cette première partie de voyage balnéaire, une impression de retour à la maison, avec toujours ce petit dépaysement plaisant.

Le camping Ivan Do, n’est pas ce qui se fait de plus moderne, mais alors quel emplacement. Malgré les nuages qui bouchent un peu les sommets à plus de 2000m du Durmitor, on se rend compte de l’incroyable beauté du lieu. De la toile de tente on a la vue imprenable sur les montagnes, avec en premier plan des petits chalets qui confèrent à l’endroit un petit côté scandinave. Le Lac Noir, autre joyau du tourisme Monténégrin, est à 10mn à pied. Ce camp de base me semble idéal.

 

 

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Ce soir, grillades au menu. Mais nous les mangerons dans le séjour de la tente, il fait vraiment trop froid pour rester à l’extérieur. A quatre heures du matin, je jette un coup d’œil à mon altimètre, il fait 13°…dans la chambre.

29 juillet 2013

Stari Bar et Ulcinj (Monténégro)

Lundi 29 juillet

Ce matin je vais chercher des œufs frais au minimarket pour nous concocter un petit déj à l’anglaise. Quoique, les serbes voisins, n’hésitent pas non plus à démarrer la journée en avalant du salé. Nous aurons besoin de bien nous sustenter, vu la journée « visites » qui nous attend.

Il faut dire, qu’un jeu par ci, un nettoyage de dent par-là, un dernier truc à ranger, une serviette à étendre, l’ultime pipi avant de monter en voiture, quand nous décollons il fait déjà très chaud. Il ne doit pas être loin de midi quand nous payons notre ticket d’entrée à la vieille ville de Stari Bar. Une bonne visite entre des vieilles pierres, des édifices en ruine et une chaleur accablante. Voilà qui me rappelle la visite de Pompeï de l’an dernier.

On pourrait d’ailleurs presque comparer Stari Bar à la cité romaine, même si, ici, aucun volcan n’est venu mettre un terme final à l’occupation du site. Cerné par d’imposants remparts, au pied des non moins imposantes falaises du mont Rumija, posté en hauteur avec vue dégagée sur la nouvelle ville de Bar et son port commercial, le site mérite amplement le détour pour ses vestiges archéologiques.

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Les siècles d’histoire se sont succédés et nous ont légués chacun ses témoignages. On se balade dans les ruines un peu au hasard des anciennes ruelles, on s’amuse à parcourir toutes les strates de l’histoire locale : tour de défense du haut-moyen âge, forteresse du XI°, églises byzantines, monastère franciscain, palais vénitiens ; hammam, tour de l’horloge(Kula), aqueduc, érigés par  les ottomans.

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A priori, Stari Bar est habitée depuis 800 av JC et tous les conquérants y ont laissé quelques traces. Ou plutôt, était. Puisqu’aujourd’hui, ce n’est plus qu’un musée à ciel ouvert. Remarquable. Louna et Ivann s’amusent malgré les 35°. C’est étrange d’ailleurs, la fascination des gosses pour les ruines, les vieux châteaux forts ou les arènes romaines.
Sujet mystérieux, je ne trouve nulle part la raison pour laquelle le site a été abandonné. Peut-être, est-ce dû au terrible tremblement de terre de 1979 qui a causé d’énormes dégâts ? Encore que, je ne vois pas bien où pouvaient vivre les gens en 79, dans ce lacis de ruines.

Aux pieds des remparts, par contre, un petit village s’est développé. Avec sa ruelle en pente et pavée, ses maisons ottomanes avec leurs balcons de bois qui abritent magasins de souvenirs, petit artisanat, restaurants et cafés turc (ou b
osnien, ou monténégrin, ou serbe, ou même grec, chacun revendiquant l’origine); les deux anciennes mosquées qui balancent leur minaret vers le ciel, on pourrait éventuellement se croire sur les rives du Bosphore. Même si l’œil accroche, çà et là, une église sur un promontoire. Bizarrement, et bien qu’à deux pas des mosquées, nous n’entendrons pas l’appel à la prière. Nous les visitons. L’une, dont le gardien… est une jeune fille, arbore un magnifique plafond à caisson de bois et un balcon ouvragée sur la mezzanine des femmes. 

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L’autre est entourée par son cimetière musulman et ses pierres tombales souvent couronnées par le turban ottoman et inscriptions arabes. Il y a une forme d’extrême sobriété. Pas de tombes baroques ou d’immenses caveaux familiaux. Comme si on retrouvait une certaine forme d’égalité face à la mort. Ils sont très similaires, je trouve, avec ceux qu’on peut voir en Grande Bretagne, dans les régions celtiques. Parfois, ils donnent l’impression qu’une main invisible aurait jeté en l’air une poignée de gravier, et que l’emplacement des tombes n’était dû qu’à cette loterie. Sur le petit plateau de la vieille route entre Bar et Ulcinj, dans une zone musulmane, nous en découvrirons quelques-uns de ces cimetières. Parfois laissés à l’abandon, les stèles ensevelies sous les mauvaises herbes. D’autres, plus récents, ont des pierres blanches où les noms des défunts sont inscrits, en vert, la couleur de l’Islam.  

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Avant de rejoindre Ulcinj, nous faisons une halte près du Stari Maslina (le vieil olivier). A lire l’écriteau, ce serait le plus vieil olivier de toute la méditerranée, âgée de plus de 2 000 ans. Comme personne ne peut vraiment vérifier si cela est vrai, ça ne coûte rien de l’affirmer.
Ce n’est pas la tortue qui dort dans le creux de son tronc qui va de toute façon démentir l’information. Elle est bien trop occupée à se protéger du soleil. C’est bien connu, à cette heure-ci, il n’y a que les chiens et les français…

 

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Ulcinj s’avère une ville tout en contraste. Postée sur un promontoire rocheux, la citadelle médiévale, à l’intérieur de ses remparts, offre aux visiteurs ses ruelles en escaliers et quelques terrasses aériennes pour surprendre la ville orientale, ses toits plats et murs blancs qui s’étalent en contrebas.

 

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Des rues animées par les magasins typiquement balnéaires glissent vers ce qui est, en été, le cœur de la vile : la mala plaza (la petite plage). Dans une baie parfaitement dessinée, s’entassent des milliers de parasols et de baigneurs. Ça grouille. Il est impossible de mettre une serviette.

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Pendant qu’on observe tout ce monde, attablé pour épancher une petite soif, sur une terrasse de la vieille ville, retentit l’appel à la prière. La mosquée est à deux pas de la foule amassée, en bikini et maillot de bain, qui ne semble absolument pas se rendre compte du chant liturgique. Ou qui s’en fout.
Est-ce que le muezzin sait que derrière la plage, sur la colline boisée du Pinješ, il y a des plages aménagées dans les rochers pour les nudistes ?



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Au retour, petite rencontre sympathique avec un policier qui me fait vertement comprendre que les phares, au Monténégro, doivent rester allumés, même en plein jour. J’essaye l’esbroufe idiote du « ne razunem ». Moi pas comprendre, moi no money, moi ne razunem…ne…no money…ne euros ! Même quand je pige parfaitement qu’il veut que je paye 40euros d’amende, illico, et que sinon je reviendrai demain chercher mes papiers au poste avec la monnaie. Mais je dois super bien jouer le super idiot paumé, et avec l’air de la compassion ou de la pitié, au choix, Monsieur casquette/lunette de soleil nous relâche en nous souhaitant bon voyage. J’explique aux enfants que la prochaine fois, si ça tourne moins rond, je leur ferai un petit signe et qu’ils n’auront qu’à pleurer un peu pour attendrir le policier.
Sur la route du retour, nous nous arrêtons dans un pressoir pour faire l’achat d’une bouteille d’huile d’olive locale. Après tout, Ulcinj doit l’une de ses richesses à l’exportation de son huile – et de ses pastèques.

Un dernier bain de mer sur notre plage et un risotto plus loin, nous sommes prêts pour mettre le cap vers les montagnes et la région du Parc du Durmitor.
En payant à la réception, je note que la dame sur son calepin, n’a pas inscrit nos noms mais « francuski »… Elle est tout fière quand je lui dis que son camping est bien tenu et que nous avons passé un bien agréable séjour. Les Hvala pleuvent sous les étoiles.

 

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