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7 août 2013

Kremna (Serbie) - Sarajevo/Illidža (Bosnie-Herzégovine)

Mercredi 7 août

Départ Kremna 10h
Arrivée Illidža 16h30
160km

Nous sommes enfin efficaces dans notre rangement et pouvons décoller assez tôt du camping. Mais voilà, après avoir fait un plein à la station-service, notre cb, que dis-je, nos trois cb, ne passent pas. Merde ! Il y avait pourtant le macaron, mais comme nous explique le franco serbe qui passait par là par hasard, ce n’est pas un gage de réalité. Merde ! Nous n’avons plus d’euros, plus de dinars, et la première tirette est à 50 bornes de là, mais dans la direction inverse de Sarajevo. Dans un dernier et ultime lancement de dés, je touche le jackpot, il prend les marks convertibles, ceux qui nous restent de notre première incursion en Bosnie. Bénis soient-ils ! En passant, je remarque que quand il s’agit de thunes, l’argent n’a pas de nationalité.


Allez, nous ne pouvons pas passer sous le village de Kusturica sans nous arrêter, quand même. Nous visitons Mecavnik, ou bien Drvengrad, ou alors Küstendorf, les trois noms de ce village-hôtel-musée-studio de cinéma. Kusturica a voulu en faire un village-témoin des anciens villages de montagne des alentours. Un lieu touristique sans made in china ou coca-cola, une de ses volontés également. Franchement, c’est réussi. Et nous devons bien avouer qu’avec un peu de largesse niveau budget, la location d’un petit chalet de bois ou l’utilisation de la piscine couverte sont bien tentantes.

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Ce que nous ne savions pas, c’est que le brave Emir a vraiment sa maison dans le village. Et lorsqu’un hélicoptère s’apprête à décoller, Sophie m’appelle et me montre le cinéaste adulé (ou décrié par les bosniaques) qui s’envole dans les airs avec son petit joujou. Y a pas à dire, mais la célébrité, ça permet quand même quelques facilités. Même quand on a pour idole Che Guevara et qu’on milite contre l’ultra capitalisme et la main mise américaine sur l’économie mondiale. 

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Nous passons la frontière sans encombre. Drôle d’endroit ou un type nous demande un euro pour une sorte de taxe écologique, et comme je ne saisis pas tout, il n’insiste pas. Drôle de frontière également, ou nous n’entrons pas en Bosnie mais en Republika Srpska. L’une des deux entités du pays avec la fédération croato-bosniaque. Chacun son propre gouvernement, chacun son école, sa police, son alphabet, son drapeau. Le tout chapoté par la communauté internationale et une présidence tournante entre les trois communautés. Un pays à l’administration mille feuilles où le nationalisme unitaire semble absent. Peut-être qu’avec l’équipe de foot qualifiée pour le Brésil… il y aura peut-être, un début de semblant de ralliement à une idée de la Bosnie-Herzégovine multiethnique. Rêvons.

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Nous faisons une pause au très beau monastère de Dobrun, où peut-être un jour le petit train de Ŝargan, retrouvera du service. Avec les falaises calcaires qui dominent le paysage, on a un paysage du sud.

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Nous arrivons à Višegrad, la ville du célèbre roman de ville de Ivo Andrić, le plus grand écrivain (du moins le plus reconnu) yougoslave : « Le pont sur la Drina ». Un livre que j’avais lu il y a des dizaines d’années. Je me retrouve donc sur ce fameux pont, avec toute ma petite famille, dans cette ville dont Andrić a fait une chronique épique depuis l’occupation ottomane jusqu’à l’arrivée des austro-hongrois. Ce pont qui était le cœur battant de la cité, lieu d’intrigues et de règlements des conflits. Il garde encore aujourd’hui sa splendeur avec ses 11 arches qui enjambent la Drina.

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Dans un petit bouiboui local, nous mangeons le plat typique de Bosnie, les ćevapčići.

Sur une espèce de petite presqu’île qui s’avance sur la Drina, nous apercevons la nouvelle lubie de notre pote Emir. Et je comprends peut-être un peu mieux pourquoi, côté bosniaque, celui qui est né à Sarajevo de parents serbo-musulmans, et qui s’est converti à l’église orthodoxe en 2005, est considéré comme un traître. Dans son Andrićgrad, qui se veut un village-studio grandeur nature pour permettre de mettre en scène « Le pont sur la Drina », trône en son centre une énorme église orthodoxe. Et pas le moindre signe de mosquée. Etrange quand on sait que Kusturica, voulait en faire « une ville qui crée une image de continuité, qui relie les différentes étapes de l’histoire de Višegrad ».

La Drina nous réserve sa meilleure et sa plus abominable surprise. La route vers Sarajevo longe un magnifique défilé. Le serpent d’eau se faufile entre les hauts sommets avec sa couleur verte. Un site magnifique.

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Mais quand on s’arrête on découvre des milliers de bouteilles en plastique qui dérivent en direction de Perućac. Un terrible gâchis. Un crime écologique.

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Quand on sait que la rivière a été une des fosses communes les plus utilisée pendant la guerre, on ne peut s’empêcher de faire un parallèle avec toutes ces bouteilles qui divaguent. On passe devant les panneaux qui indiquent Goražde, un nom qui résonne encore tristement à nos oreilles.
Tous les panneaux sont en cyrillique sur la route, et quand un bled est notifié dans les deux alphabets, le nom en latin est barré. Nous sommes désormais sur des routes de montagne, passant deux cols autour de 1000m sur d’immenses « polje ». Il faut traverser le massif de Jahorina et abandonner la direction de Pale, la capitale des serbes de Bosnie pendant la guerre, avant de rentrer dans Sarajevo.

Enfin, nous voilà dans cette ville mythique. La ville martyre. La Jérusalem européenne. Nous attendrons pour venir la visiter, nous resterons quelques jours. Pour l’instant nous devons rejoindre le camping, de l’autre côté de la métropole. Si Sarajevo a une correspondance avec Grenoble à cause de sa situation au cœur des montagnes, elle est très différente dans son urbanisme. Elle s’etend en fait dans le lit d’une vallée, longeant sur 15 kilomètres la petite rivière de la Mijliacka. Les maisons s’agrippant sur les côtés, montant à l’assaut des collines environnantes, comme si l’urbanisme débordait du lit et submergeait les berges pentues.

Pour rejoindre Illidža, et son camping, il faut traverser la fameuse « sniper alley ». Une longue avenue bordée par les immeubles des quartiers titistes, encore passablement ébréchés par les tirs de balles.

Le camping change de celui de Kremna. Du tout au tout. Il est immense, il y a beaucoup de monde, surtout des italiens, encore qu’il y ait assez d’espace pour ne pas se marcher dessus. Les gosses peuvent se balader sur des kilomètres avec leur vélo.

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Nous sommes à deux pas (enfin un kilomètre) de la gare terminus du tramway. Bref, parfaitement bien placé. Même si pendant que nous faisons notre popote, nous nous apercevons que juste de l’autre côté de la route, il y a un camp de gitans, qui font bruler je ne sais quelle matière en plastique. Mais l’odeur pestilentielle est parfois carrément désagréable.
Nous sommes donc bien dans une grande ville.

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